Repris de Louis Naugès
pour Entreprise 2.0 21/07/2013Dans la deuxième partie de cette analyse, je propose des pistes de reflexion pour que les entreprises, les fournisseurs informatiques, le monde de l'éducation et le monde politique prennent la mesure des impacts de la R2I, Révolution Industrielle Informatique sur l'avenir des métiers de l'informatique.
... je vous propose un plan d’action, ambitieux et réaliste, permettant d’anticiper ces mutations et ne pas laisser des milliers d’informaticiens sur le carreau après 2021.
Il faut pour cela que toutes les structures concernées prennent conscience du challenge et commence à agir, immédiatement.
Cloud Computing et R2I, facteurs clefs de compétitivité
Une informatique à faible coût, fiable, flexible, les avantages de la R2I et du Cloud Computing sont des éléments clefs de la compétitivité des organisations... utilisatrices de ces solutions industrielles. C’est l’une des idées clefs que je défends depuis longtemps dans ce blog.
- Promouvoir une informatique innovante, qui améliore la compétitivité des organisations de toute taille, privées et publiques, mais qui demande... moins d’informaticiens.
- Défendre des solutions anciennes, en fin de vie, pour protéger leurs emplois actuels.
C’est un débat permanent, que chaque révolution technique relance.
- La R2I, Révolution Industrielle Informatique sera une réalité.
- C’est une échéance suffisamment lointaine pour que des décisions, prises aujourd’hui, permettent d’éviter des catastrophes humaines.
Entreprises utilisatrices, fournisseurs, sociétés de services, monde de l’éducation et monde politique doivent, dans leurs sphères respectives de compétence, passer à l’action. Comment ?
Informatique interne des organisations
Action prioritaire : définir sa stratégie Systèmes d’Information 2021+
En quelques semaines, toute organisation, quelle que soit sa taille, peut réfléchir à sa stratégie S.I. long terme et définir une « photographie » de ce que pourrait être son S.I. à partir de 2021+.
- Quelles seront les applications que j’aurai basculées en SaaS. L’important c’est la décision, et ceci ne veut pas dire que l’on a immédiatement besoin de faire le choix de la solution.
- Quelles seront les applications historiques (Cobol, SAP...) qui seront encore utilisées en 2021+.
- Quelles seront la taille et la nature de mon centre de calcul privé, si je décide d’en garder un en 2021+. Je vous renvoie à mon texte récent sur l’amaigrissement des centres de calcul existants.
- Est-ce que j’aurai basculé sur une stratégie BYOx (Bring Your Own...) pour les postes de travail, les réseaux mobiles, les applications génériques...
- Quelle est la part de mes activités métiers qui aura basculé en informatique libre-service, permettant à mes clients de travailler avec mon entreprise en direct.
- ...
Le nombre et les profils des professionnels de l’informatique nécessaires pour faire fonctionner cette « informatique industrielle 2021+ » seront alors raisonnablement faciles à estimer.
Fournisseurs informatiques
Informaticiens, vous êtes intéressés par l’innovation, les technologies de pointe, majoritairement Open Source (MapReduce, Hadoop, OpenFlow,Open Compute Project...) ? Les grands fournisseurs industriels d’infrastructures et de solutions SaaS seront de plus en plus vos futurs employeurs !
Pour les informaticiens en recherche d’un emploi, il y aura deux grands groupes de fournisseurs :
- Les historiques qui vont essayer de bloquer l’évolution vers la R2I le plus longtemps possible : des emplois à court terme, des risques pour 2021+.
- Les nouveaux acteurs, Cloud et R2I natifs : peu d’emplois à court terme, car ils sont souvent plus petits et plus efficaces que les historiques, mais de gros potentiels à l’horizon 2021+.
Sociétés de services informatiques
Les informaticiens commencent souvent leur carrière dans des sociétés de service.
Une grande partie de leurs collaborateurs sont détachés dans les entreprises pour des activités artisanales, « pré-industrielles ». Ces entreprises clientes qui réduisent le nombre de collaborateurs de la DSI vont en priorité arrêter ces contrats de délégation, à faible valeur ajoutée, pour protéger l’emploi de leurs collaborateurs permanents.
Elles gèrent aussi de grands ateliers artisanaux de paramétrisation de progiciels historiques tels que SAP ou Oracle Applications ; ils emploient près d’un million de personnes en Inde, aux Philippines et autres pays à bas coût salarial.
D’ici à 2021+, la R2I aura, sur ces ateliers artisanaux, le même impact que celui de Word sur PC a eu sur les pools dactylographiques dans les années 80.
C’est donc dans ces sociétés de services informatiques que la R2I aura l’impact le plus négatif sur l’emploi des informaticiens ; leurs deux activités qui utilisent le plus de salariés vont se réduire comme peau de chagrin.
Pour beaucoup de jeunes informaticiens qui commencent leur carrière, ce sera un excellent point de départ ; ils pourront y acquérir des compétences pointues pour lesquelles la demande est forte.
Monde de l’éducation
- Quels seront les « emplois d’avenir » dans l’informatique des années 2021+ ?
- Quelles seront les « compétences utilisateurs » dont nous aurons tous besoin, sans être informaticiens ? En 2021+, encore plus qu’aujourd’hui, nous serons en contact permanent avec l’informatique dans nos activités professionnelles.
Il est peut-être plus facile de poser la question « négative » : quels seront les métiers sans avenir, les compétences inutiles en 2021+ ?
Collèges, lycées et universités sont tous concernés par la question des compétences utilisateurs.
La réponse est simple : tout se passera dans le Cloud à partir de 2021+. La « convergence » grand public et professionnel sera totale et les frontières entre ces deux mondes de plus en plus ténues.
En France, la situation est catastrophique, et je crains fort que les choses ne s’améliorent pas.
A l’inverse, un grand nombre de pays en émergence, Maroc, Malaisie... ont fait le choix des solutions Google Apps for education et Chromebooks pour sauter une génération et préparer directement le monde 2021+.
Petit rappel : la version éducation de Google Apps demande un investissement majeur pour l’Education Nationale : 0 € par personne !
Toujours sur le Cloud, toujours à coût zéro, des outils exceptionnels, comme Coursera, permettent d’accéder à des milliers de formations.
Dans l’enseignement supérieur, des établissements qui échappent à la tutelle directe du Ministère de l’Education, ESSEC, HEC et beaucoup d’autres, ont pu faire le choix de solutions Collaboratives Cloud pour mieux préparer leurs étudiants au monde du travail dans lequel ils vont rentrer.
Que faut-il enseigner, aujourd’hui, pour préparer les informaticiens professionnels de 2021+ ?
C’est une question que devraient se poser tous les organismes qui proposent de former les informaticiens de demain ; le font-ils ? Je n’en suis pas certain.
Il existe heureusement des signes encourageants ; en 2012, l’ISEP a lancé un Mastère Cloud Computing et j’al l’honneur d’y animer les séances d’introduction aux concepts clefs.
Il est aussi, et c’est grave, influencé par les grands fournisseurs historiques qui financent ces établissements et font tout pour pérenniser leurs outils en fin de vie en obligeant les étudiants à acquérir des compétences sans avenir.
Dans ce domaine aussi, tous les organismes d’enseignement de l’informatique devraient mener une réflexion stratégique sur les compétences qui seront nécessaires pour réussir une carrière en informatique en 2021+.
Monde politique
Quelles seraient les priorités des politiques pour mettre leur pays sur les rails du succès de la R2I pour 2021 ?
J’en vois au moins quatre :
- Accélérer la mise en œuvre d’un réseau haut débit, à dominante 3G/4G et abandonner le projet actuel très haut débit fibre optique, économiquement démentiel et techniquement déjà dépassé, comme je j’avais écrit il y a quelques mois.
- Transformer les systèmes d’information actuels du secteur public en donnant la priorité aux véritables solutions SaaS et Cloud Public sans attendre dix ans pour démarrer. C’est d’autant plus important que le secteur public est l’un des plus grands employeurs d’informaticiens et que la vitesse d’évolution de ces populations n’est pas la plus rapide du monde.
- Donner des directives claires au Ministère de l’Education (voir plus haut).
- Enfin et surtout, assurer la promotion et aider au déploiement de solutions innovantes, Cloud et R2I, dans toutes les entreprises sans vouloir, avant, créer des offres « souveraines » en infrastructures et en applications.
Est-ce que je pense vraiment que ces quatre axes d’action deviendront réalité ? Non, mais on peut toujours croire aux miracles, même en informatique !
Résumé : informaticien, en 2021+
Je rencontre beaucoup d’étudiants ou d’informaticiens qui me posent la question : est-ce que l’informatique est un métier d’avenir ? Ma réponse est claire : oui !
Par contre, passez votre chemin si vous cherchez un travail à faible valeur ajoutée, dans une grande DSI ou chez un grand prestataire de services. Ces métiers artisanaux n’auront plus aucune raison d’être, à partir de 2021+.
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