mercredi 8 janvier 2014

Cauchemar des projets informatiques : le Dossier médical personnalisé

Repris de  http://www.la-croix.com/Ethique/Le-Dossier-medical-personnel-DMP-tres-couteux-et-peu-utilise-2014-01-05-1084848

Le Dossier médical personnel (DMP)  : très coûteux et peu utilisé

Sa mise en place aurait coûté 500 millions d'euros pour seulement 418 000 ouvertures de dossiers depuis 2011, au lieu des 5 millions prévus, selon une information révélée par Le Parisien.
4/1/14

Le Dossier médical personnel (DMP) coûte-t-il trop cher  ? Le quotidien Le Parisien , dans son édition du 4 janvier, l’affirme, en s’appuyant sur « un document interne du Conseil national de la qualité et de la coordination des soins ».

Selon ce texte, « 500 millions d'euros ont été versés depuis 2004 », afin de financer la mise en place de ce dossier médical informatisé, dont les Français peuvent demander la création depuis janvier 2011 lors de toute consultation médicale. Le contrat initial, précise encore le quotidien, tablait sur 5 millions de DMP créés. Or, à ce jour, le nombre de dossiers effectivement ouverts est de 418 204.

UN « CARNET DE SANTÉ NUMÉRIQUE » QUI DÉPEND DU PATIENT

Le DMP, carnet de santé numérique que le patient peut consulter lui-même sur Internet, a été conçu pour permettre aux professionnels de santé de partager les informations utiles à la coordination des soins de son détenteur. Y sont versés le volet médical de synthèse rédigé par le médecin traitant, les résultats d’analyse et les comptes rendus de soins hospitaliers. Le dossier lui-même dépend toutefois du patient, qui est libre d’y faire figurer ce qu’il veut. Une préoccupation liée au souci de chacun de protéger ses données personnelles, mais qui rend du même coup le dossier souvent inopérant, puisque incomplet, et au final fort peu utilisé par les professionnels eux-mêmes, qui préfèrent le plus souvent se constituer leur propre dossier sur chaque patient qu’ils traitent.

UN FONDS FINANCÉ PRINCIPALEMENT PAR L’ASSURANCE-MALADIE

Le Parisien souligne que c’est la première fois qu’un document officiel mentionne le chiffre exact du financement du DMP, même si la Cour des comptes, dans un rapport publié en février 2013 mettant en cause le pilotage par l’État du développement du DMP, avait avancé une somme de 210 millions d’euros, estimant que « le demi-milliard d’euros » pouvait être dépassé.

Le DMP, dont les fonds proviennent en grande partie de l’Assurance-maladie, est géré par l’Asip-Santé (Agence des systèmes d’information partagé de santé), créée spécialement dans ce but. Il pourrait à l’avenir être confié à la Caisse nationale d’assurance-maladie, même si, toujours selon le Parisien « le gouvernement a été contraint de prolonger d’un an ce contrat, soit 7 millions d’euros supplémentaires pour 2014. »

UN PROJET DE « DMP 2 » SUR LES RAILS

Adopté à la suite d’une loi préparée par Philippe Douste-Blazy en 2004, expérimenté au deuxième semestre 2006, il est relancé par Roselyne Bachelot à partir de 2008 et devient effectif fin 2010. En novembre 2013, l’actuelle ministre de la santé Marisol Touraine avait remplacé le directeur de l’Asip-Santé et s’était engagée à lancer un DMP de 2e génération, plus efficace.


Dossier médical personnalisé, le gaspillage continue

Dans un rapport rendu public mercredi 20 février, la Cour des comptes dénonce une nouvelle fois le manque de stratégie et de coordination dans la mise en place du dossier médical personnalisé.
20/2/13 - 17 H 35

Instauré par la loi en 2004, censé entraîner 7 milliards d’économies par an, le dossier médical personnalisé (DMP) continue de ressembler à un vaste fiasco. C’est ce que dénonce la Cour des comptes, saisie du problème pour la troisième fois, dans un rapport rendu public mercredi et intitulé « Le coût du dossier médical personnalisé depuis sa mise en place ».

À l’origine, le DMP devait concerner l’ensemble des Français et contenir toutes les informations nécessaires au suivi d’un patient : comptes rendus de consultation, examens, traitements… Le but était d’éviter les redondances, pour faire des économies et harmoniser le parcours de soin.

Mais après des années d’expérimentations et une remise à plat du système en 2010, l’objectif, revu à la baisse, d’un million de dossiers ouverts en 2013 reste aujourd’hui largement hors de portée : seuls 158 000 DMP étaient ouverts à l’été 2012. Si le rythme actuel de 1000 ouvertures par jour se poursuit, l’objectif apparaît largement inatteignable. Surtout, il n’y a en moyenne que deux documents par dossier, ce qui en réduit fortement l’intérêt.

Un demi-milliard d’euros dépensé

Depuis 2005, le lancement de ce dossier représente un lourd gaspillage financier. La Cour l’évalue à 210 millions d’euros. Cela tient notamment aux nombreuses expérimentations régionales financées jusqu’en 2009, puis abandonnées sans plus de suivi : « Au fil des changements de stratégie, la quasi-totalité des DMP successivement établis ont été détruits et les investissements en matériels et en logiciels, largement passés par pertes et profits. »

En y ajoutant les investissements consacrés aux dossiers de patients hospitaliers, censés, à terme, alimenter le DMP, la Cour estime que, globalement, l’informatisation de dossiers médicaux individuels a coûté un demi-milliard d’euros, « essentiellement à la charge de l’assurance-maladie ». « Ces constats attestent d’une absence particulièrement anormale et préjudiciable de stratégie et d’un grave défaut de continuité de méthode dans la mise en œuvre d’un outil annoncé comme essentiel à la réussite de profondes réformes structurelles », déplore la Cour.

Pour une stratégie pluriannuelle

Enfonçant le clou, elle pointe, dans un encadré, le succès du dossier pharmaceutique, prévu par une loi de 2007 pour éviter les problèmes d’interactions médicamenteuses. Au printemps dernier, 20 millions de dossiers étaient ouverts, 21 580 officines sur 22 875 y étaient raccordées.

Dans ses préconisations, la Cour ne remet pas en cause l’utilité du DMP mais elle demande d’établir au plus vite une stratégie pluriannuelle : « Il est urgent que l’État définisse enfin une stratégie d’ensemble pour intégrer le DMP dans une vision globale de l’organisation du dispositif de soins de manière à assurer la cohérence et la convergence de dispositifs (…) foisonnants, et à éviter une dérive des coûts à venir. »
 
FLORE THOMASSET  
Repris de http://www.la-croix.com/Actualite/France/Dossier-medical-personnalise-le-gaspillage-continue-_NG_-2013-02-20-913278 

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