par Christophe Auffray, ZDNet France. Publié le jeudi 16 février 2012
Présidentielle 2012 : 5 propositions pour tirer la croissance du logiciel français
Politique - Création d’un statut de société créatrice de logiciels, inspiré de la JEI mais plus avantageux, formation des entrepreneurs, co-gérance avec l’Education nationale pour la formation des étudiants, guichet unique et écosystèmes d’innovation : les 5 propositions en faveur du logiciel du Syntec Numérique pour les candidats à la présidentielle.
A ses dix propositions en faveur du numérique, Syntec Numérique ajoute cinq propositions en faveur de l’industrie du logiciel et censées remédier à cinq points de blocage de la France dans ce secteur.
Ces préconisations à l’attention des politiques sont résumées dans le livre noir et blanc du logiciel dévoilé mercredi 15 février à l’occasion d’une conférence de presse à laquelle assistaient deux personnalités politiques du PS et de l’UMP :Fleur Pellerin et Laure de la Raudière.
Partant du constat que l’industrie française du logiciel manque de champions de grande taille (93% du Top 250 des éditeurs français réalisent moins de 50 millions d’euros de CA) et justifiant de sa contribution à la croissance de la France, Syntec Numérique demande donc un coup de pouce des politiques.
Proposition n°1 : un statut de société créatrice de logiciels
Si les associations patronales du numérique se défendent régulièrement de demander de nouvelles aides financières de l’Etat, la fiscalité reste cependant au cœur de leurs propositions – même si elles ne se limitent pas à ce seul thème.
Le statut de société créatrice de logiciel en est une illustration. Ce dispositif s’appuierait sur le statut de la JEI (Jeune Entreprise Innovante), mais auquel s’ajouteraient des avantages supplémentaires. « L’essentiel du statut et de ses avantages » résume Syntec Numérique.
Et les conditions d’accès imaginées sont globalement très favorables puisque les éditeurs comptant jusqu’à 500 salariés et 20 ans d’existence pourraient prétendre aux avantages associés à ce statut (exonérations de cotisations et d’impôt).
Dans le cas de la JEI, sont exclues les entreprises de plus de 8 ans, de plus de 250 salariés et réalisant plus de 50 millions d'euros de chiffre d’affaires.
« Nous estimons qu’il faudrait étendre les dispenses de charges sur des personnels autres que ceux dédiés à la pure recherche et développement. Il s’agit des personnes qui travaillent sur l’innovation, le design et l’ergonomie, qui coûtent largement aussi cher que ceux qui font de la R&D » ajoute Bruno Vanryb, président du collège éditeurs de Syntec Numérique.
Proposition n°2 : une formation « entreprendre dans le logiciel »
Pour la chambre patronale, les dirigeants d’éditeurs français ont besoin de progresser sur les aspects marketing et de gestion d’entreprise – et les diplômés issus des écoles de commerce, eux, sur la technique.
Est ainsi proposé de définir, avec des représentants de l’Education nationale, une formation packagée de 20 heures de cours dispensées par des dirigeants et consacrées au management, au business development et aux spécificités du secteur logiciel. Le financement serait lui assuré par des sponsors privés.
« La fascination pour Steve Jobs et Jeff Bezos, c’est relativement récent. Le marketing n’a jamais été intégré dans les gènes des entreprises de technologie françaises. Et aujourd’hui, c’est quelque chose qui fait que, globalement, les entreprises sont parfois dirigées par des ingénieurs très talentueux mais qui n’ont pas forcément le sens du marché et le sens du client » analyse Bruno Vanryb.
Proposition n°3 : un guichet unique « croissance et innovation »
Requête récurrente des entreprises du numérique, ce guichet unique vise à aider les entrepreneurs à se retrouver dans le « maquis des dispositifs d’aide ». L’idée est de permettre aux entreprises de trouver auprès d’une équipe « formée et compétente » des réponses à leurs questions et besoins en matière de financement, de fiscalité, de formation, etc.
« Il ne faut pas fusionner les organismes, cela ne sert à rien. Les organismes géants qui se fusionnent entre eux avec des centaines de hauts fonctionnaires qui ont chacun des objectifs différents et censés travailler ensemble, cela ne marche pas » met en garde le président du collège éditeurs.
« Le guichet unique, c’est un site Web et surtout des équipes de gens formés et compétents qui regrouperaient dans le cadre d’un site interactif l’ensemble des dispositifs existants avec des systèmes de tris qui permettraient tout de suite de différencier les aides » ajoute-t-il.
Proposition n°4 : une filière de formation aux métiers du logiciel
Souhait de longue date des entreprises, tous secteurs confondus, les éditeurs voudraient s’impliquer dans les cursus de formation initiale, ici ciblés sur l’édition logicielle. Comment ? Au travers d’une gouvernance partagée avec l’Education nationale.
La finalité ? « Des contenus qui seraient actualisés au rythme des besoins » précise Bruno Vanryb. « L’idée c’est de répondre aux besoins d’un métier en pleine évolution, mais en partenariat avec l’Education nationale, et surtout en ne marchant pas sur ses plates-bandes » prend-t-il soin d’ajouter.
Syntec Numérique préconise de compléter cette filière de formation par deux autres mesures que sont le renforcement des formations au marketing et à la gestion financière dans les écoles d’ingénieurs, et le développement de cursus à double compétence écoles d’ingénieurs-écoles de commerce.
Proposition n°5 : des écosystèmes du logiciel
La proposition, répondant à la fragmentation des éditeurs français, et telle que résumée dans le livre noir et blanc consiste à « réunir sur un (ou plusieurs) sites toutes les forces qui peuvent concourir à la création d’une dynamique de croissance de l’industrie. ». C’est-à-dire : éditeurs, y compris étrangers implantés en France, investisseurs, universités et écoles, etc.
Mais quelles différences et plus-value par rapport à des pôles de compétitivité traditionnelles ou le projet de bâtir une Silicon Valley à la française sur le plateau de Saclay ?
« Les pôles de compétitivité donnent des avantages fiscaux pour se regrouper. C’est bien. Ça part d’un très bon sentiment. Mais les entrepreneurs ne vont pas s’installer quelque part parce qu’ils ont un avantage fiscal. Ils le feront car ce sera bon pour le business. Et pour cela, ils doivent retrouver, comme dans la Silicon Valley, pas seulement les universités, les financiers, mais également des métiers qui soient complémentaires du leur » estime Bruno Vanryb.
La solution : réutiliser le principe des pôles de compétitivité, mais aussi les réflexions autour du plateau de Saclay, afin de créer « trois ou quatre lieux où vraiment on met ensemble les bonnes personnes. » La concrétisation ? Un écosystème comparable à l’entrepreneurship LMU de Munich.
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