samedi 22 décembre 2012

e-porno : le développement



Fabian Thylmann, le geek devenu magnat du e-porno

Repris  de Le Monde.fr | 
Le site épuré de la société Manwin
 l'assure : ses équipes spécialisées dans la"génération de trafic sur Internet", ont été en mesure d'envoyer jusqu'à 15 millions de visiteurs uniques par jour sur une seule et même adresse URL. C'est que Manwin est la maison-mère d'une myriade de sociétés spécialisées dans la production et la diffusion de contenus pornographiques sur Internet.


Youporn, Pornhub, Brazzers... La holding contrôle plus de trente sociétés dédiées aux contenus X, dont l'activité va du partage de vidéos aux services de "sexcams" en passant par la production de contenus ou la télévision en ligne. A elles deux, les plateformes de vidéos Youporn et Pornhub, fleurons du groupe, attireraient près de 15 millions de visiteurs uniques quotidien.


Un véritable empire, bâti en quelques années sous la férule de Fabian Thylmann, un allemand de 34 ans. Mais, le 4 décembre dernier, le "magnat du porno", comme l'a surnommé le New York Magazine, a vu son ascension stoppée par des soupçons de fraude fiscale. Arrêté en Belgique, où il résidait, il a été extradé enAllemagne après qu'un tribunal de Cologne a délivré un mandat d'arrêt européen contre lui.

Ses bureaux à Hambourg ont fait l'objet d'une perquisition au cours de laquelle des ordinateurs et des documents ont été saisis. Son domicile a lui aussi eu droit à une visite des policiers. Selon la presse allemande, les enquêteurs s'intéressent au complexe montage financier mis en place par Manwin, qui compte des bureaux à Montréal, Nicosie, Hambourg et Los Angeles, et dont le siège est basé au Luxembourg, un paradis fiscal parmi d'autres.

Silencieuse jusque-là, la société Manwin a publié lundi un sobre communiqué dans lequel elle assure que ses activités se poursuivent et demande "le respect de lavie privée des salariés de l'entreprise".

"JE SUIS UN GEEK"

Une discrétion qui n'est pas sans rappeler celle de son fondateur, "un geek", comme il se définit lui-même, qui n'a pas grand chose à voir avec Larry Flint ouHugh Hefner, les rois du porno des années 80.

Fabian Thylman code depuis qu'il a 17 ans, raconte le New York Magazine dans une enquête intitulée : "les geeks, nouveaux rois du porno". C'est la mise au point d'un logiciel, baptisé NATS pour Next Generation Affiliate Tracking Software, qui a fait sa fortune. Le principe est simple : relier tous les sites pornographiques entre eux et permettre aux internautes d'accéder plus facilement au contenu de leur choix selon leur préférence. "NATS était très facile à utiliser et permettait de fairedes choses que d'autres ne pouvaient pas", expliquait-il l'année dernière. Comme il le dit lui-même, son objectif est alors de "créer autant d'opportunités que possible pour que les gens dépensent de l'argent".

Au fil des ans, Fabian Thylmann amasse une fortune confortable, qui lui permet d'assouvir sa passion pour l'automobile, mais aussi et surtout d'envisagerl'acquisition d'autres sociétés liées à l'industrie du X. Dans le même temps, trois autres jeunes férus d'informatique développent leur savoir-faire en l'appliquant au porno sur internet. Ouissam Youssef, Stephane Manos et Matt Keezer sont les créateurs de Brazzers, une société de production de films X sur le Web qui s'est imposé en quelques années comme l'un des leaders du marché. Matt Keezer a l'idée en 2006 d'investir dans les plates-formes de vidéos en streaming, sur le modèle de Youtube créé en 2005. Il rachète pour moins de 3 000 dollars le nom de domaine Pornhub. 

Le modèle économique est simple. Il s'agit d'attirer l'internaute en proposant des vidéos gratuites - le plus souvent des extraits de films produits par d'autresentreprises, sans leur reverser de droits d'auteur, tout en habillant la site de multiples bannières publicitaires. Une "innovation" qui déplaît fortement à l'industrie pornographique traditionnelle, qui accuse ces nouveaux médias de piller leur production cinématographique et déplorent des diminutions considérables de leurs chiffres d'affaires. A l'instar de Youtube, ces nouvelles plates-formes de vidéos pornographiques se réfugient alors derrière leur statut d'hébergeur assurant qu'ils ne sont pas responsables du contenu. Le jeune trio a opté pour un modèle mixte. Du contenu payant avec Brazzers, du contenu gratuit avec Pornhub entre autres.

ASSOCIÉ À PLAYBOY

Mais la belle histoire n'a pas duré. En octobre 2009, les enquêteurs du fisc américain ont saisi 6,5 millions de dollars sur un compte appartenant à la société Mansef, la holding qui contrôlait l'empire de Youssef, Manos et Keezer. Les enquêteurs américains s'interrogeaient notamment sur le circuit par lequel avaient transité plusieurs millions de dollars avant d'atterrir en Israël et dans d'autres pays figurant sur la liste des paradis fiscaux. Il était temps pour les associés de vendreleur part.

Le jeune Thylmann a flairé la bonne affaire et a déboursé, toujours selon le New York Magazine, près de 140 millions de dollars pour racheter Mansef qu'il rebaptise Manwin. Pour développer l'entreprise, il a axé comme depuis ses débuts sur le savoir-faire technique : "Manwin est par essence une entreprise technologique"a-t-il déclaré en janvier 2012 à l'occasion de l'une de ses rares interventions publiques au salon Internext. "Nous sommes sur Internet et nous avons de si gros sites que nous nous devons d'être très bons sur la partie techno du business".

Le logo de YouPorn, l'un des sites pornographiques les plus fréquentés au monde.

En 2010, Thylmann a réussi le tour de force de convraincre un fond d'investissement de Wall Street de lui prêter de l'argent pour financer ses nouvelles acquisitions, comme la société de production Digital Playground. Son business s'institutionnalise. Peu avant, il avait noué un partenariat avec la marque mythique Playboy en investissant dans sa télé en ligne. Preuve que même les pionniers de l'industrie lui accordent leur confiance.

En 2011, il acquiert le site de partage de vidéos Youporn, dont les nombreux visiteurs uniques viennent s'additionner à ceux de son autre plateforme Pornhub. Tout en défendant son pré carré, il s'est notamment opposé à l'attribution de noms de domaines en .XXX, il a ensuite diversifé encore un peu plus ses activités en finançant des sites comme celebs.com, clone du fameux site américain TMZ, entièrement dédié à l'actualité des stars.
Aujourd'hui détenu dans une prison à Cologne, il dément toute fraude fiscale et assure que les procédés d'optimisation développés par Manwin se sont toujours faits en conformité avec la loi allemande.

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