Repris sur Henri Verdier Blog du 13 nov 2012
Sculpteo et Netatmo récompensés au CES : pourquoi c'est important...
On a appris hier soir que Sculpteo allait recevoir l'un des Best of innovations awards du Consumer Electronic Show qui se tiendra à Las Vegas dans deux mois, et que la jeune société Netatmo allait pour sa part remporter trois innovation awards. Il y a donc des entreprises françaises qui gagnent des prix dans le temple des Samsung, des Sony et des LG electronics. Le CES, c'est le festival de Cannes de l'électronique grand public. Plus de 100.000 innovations chaque année et près de 200 prix.
Après la déroute de notre électronique grand public, des startups relèvent le gant.
Sculpteo, qui fabrique et commercialise une de ces fameuses "imprimantes 3D" avec laquelle on peut produire n'importe quel objet par injection de plastique, a été fondée par Clément Moreau et Eric Carreel. Eric est par ailleurs le fondateur d'Inventel (dont la technologie fut stratégique dans l'aventure de la Livebox d'Orange), rachetée par Technicolor. Eric Carreel a aussi lancé Withings (la balance, le tensiomètre...) et Invoxia (qui avait remporté un Best of innovations award en 2012). Son imprimante 3D était présentée au dernier Futur en Seine (merci à Silicon.frpour la photo).
Netatmo vous est peut-être moins familière, mais elle ne tardera pas à le devenir. Elle vient de recevoir trois innovation awards au même CES 2013 (catégories "santé bien être", "technologie pour un monde meilleur" et "appareil domestique"). La société n'a qu'un an et son produit n'est disponible que depuis deux mois. Netatmo fabrique et commercialise des stations météorologiques, indoor et outdoor, avec suivi de différentes paramètres de pollution.
Frédéric Potter, son fondateur, avec qui j'avais fait mes premières armes d'entrepreneur en 1995, fut l'un des fondateurs de Cirpack (société qui joua elle aussi un rôle stratégique dans l'aventure de Free et qui fut elle aussi rachetée par Technicolor). Il fut l'un des cofondateurs de Withings puis a lancé Netatmo il y a un peu plus d'un an... Voilà quelqu'un qui, après un premier (grand) succès, a réinvesti ses gains à deux reprises.
Pourquoi c'est important ?
C'est important parce que, comme le souligne Le Monde d'hier soir dans un papier au titre curieusement pessimiste, nous assistons en ce moment en France à la floraison d'une génération d'entreprises qui réussissent de remarquables performances dans le secteur des objets communicants et de l'internet des objets.
Le site de Proxima mobile l'avait déjà souligné en septembre : sur les douze objets connectés les plus vendus aux Etats-Unis, on comptait 5 objets français, respectivement produits par Parrot,Withings et Magnien.
Frédéric Potter, son fondateur, avec qui j'avais fait mes premières armes d'entrepreneur en 1995, fut l'un des fondateurs de Cirpack (société qui joua elle aussi un rôle stratégique dans l'aventure de Free et qui fut elle aussi rachetée par Technicolor). Il fut l'un des cofondateurs de Withings puis a lancé Netatmo il y a un peu plus d'un an... Voilà quelqu'un qui, après un premier (grand) succès, a réinvesti ses gains à deux reprises.
Pourquoi c'est important ?
C'est important parce que, comme le souligne Le Monde d'hier soir dans un papier au titre curieusement pessimiste, nous assistons en ce moment en France à la floraison d'une génération d'entreprises qui réussissent de remarquables performances dans le secteur des objets communicants et de l'internet des objets.
Le site de Proxima mobile l'avait déjà souligné en septembre : sur les douze objets connectés les plus vendus aux Etats-Unis, on comptait 5 objets français, respectivement produits par Parrot,Withings et Magnien.
On peut légitimement se demander si ces inventeurs innovateurs réussiront à compenser les terribles pertes de l'électronique grand public à la française.
Je parierais volontiers que oui.
Je suis en particulier frappé par le fait que l'on sent comme une "école" française dans ces différents projets. Tous reconnaissent l'héritage de Rafi Haladjian qui avait été pionnier avec son lapin Nabaztag et sa société Violet, et qui récidive désormais avec Sen.se. Beaucoup ont croisé la trajectoire de Xavier Niel. Tous connaissent Henri Seydoux et les succès de Parrot, dont ils s'inspirent. Mais au delà de ces "pères fondateurs", ils sont désormais nombreux à se lancer dans la bataille. J'avais commencé à en parler il y a un an en appellant cela l' "Internet plus". On pourrait citer les tablettes d'Archos ou de Unowhy, on pourrait mentionner Joshfire, Hackable devices - qui nous avait enchanté de son baby foot enrichi au dernier Futur en Seine) et tant d'autres. On pourrait citer Devialet, qui avait aussi gagné un Best of innovation award l'an dernier et qui a opportunément annoncé hier une levée de fonds de 15 millions d'euros pour son ampli de nouvelle génération. On devrait y inclure la robotique qui est une autre de nos compétences françaises, et la santé. Nous avons toute une génération d'entrepreneurs qui se lancent dans cette bataille collective.
Le retour au hardware
Or, cette bataille est désormais mondiale, et peut-être centrale dans l'évolution du numérique. Au cours de la dernière session du Orange Institute, à New-York, nous avons eu sur ces questions une conférence passionnante de Rob Coneybeer, Managing director de Shasta venture, l'un des fonds prestigieux de la Silicon Valley.
Roy Coneybeer nous a d'abord soutenu, de manière très probante, mais un peu contradictoire avec les discours dominants, l'importance des entreprises de "hard" dans le paysage des "tech companies".
11 des 20 plus grandes sociétés technologiques mondiales, soit 54 % de la capitalisation totale, sont dans le hardware.
Bien sûr, c'est un hardware qui a été profondément bouleversé par la révolution Internet : il s'appuie sur de nouvelles technologies bon marché (vous les connaissez, elles sont dans tous les smartphones), sur de nouvelles possibilités de relations avec les publics (crowdfunding notamment, mais aussi l'ensemble des approches que nous avons développées dans L'Age de la multitude), sur l'extraordinaire potentiel du web social, qui permet d'insérer immédiatement tout device dans un réseau d'amis, sur les nouvelles possibilités du big data, sur une industrie manufacturière extrêmement bon marché, notamment en Asie.
Withings, Nest, Jawbone, Pebble, Ouya... elles sont des dizaines de sociétés à pouvoir prétendre illustrer cette lame de fond mondiale. Il y en a beaucoup dans le secteur de la santé. Elles sont souvent les avant-garde de ce numérique qui dévore le monde, qu'a présenté Nicolas Colin.
Elles renouent avec la grande tradition des innovateurs / inventeurs et tranchent très heureusement avec la litanie des "dot com", dont les projets commencent à être un peu trop formatés, et parfois un peu trop anecdotiques. Nous avons là des entrepreneurs qui savent concevoir et produire de réels objets, qui entrent dans l'électronique et la fabrication, qui savent ce que c'est que la production. Elles surfent sur une vague qui commence à peine à se lever et qui va libérer de plus en plus de puissance pour qui saura s'en emparer.
Surtout, elles sont portées par un type d'entrepreneurs bien particuliers, qui mélangent l'ambition globale et l'esprit de l'artisan, qui poursuivent des rêves concrets et les incarnent dans des objets désirables, qui excellent dans la technologie et aussi dans le design. Des entrepreneurs qui ne sont pas sans rappeler les pionniers de l'aviation ou de l'automobile...
Ils sont engagés dans une compétition réellement mondiale. Il n'y a pas (encore ?) de Silicon Valley pour ces objets connectés. Tous les continents, et de nombreux pays, semblent encore avoir leurs chances.
C'est pourquoi, après les mille bravos de circonstance pour Eric Carreel, pour Frédéric Potter et pour leurs équipes, nous devons nous demander si cette poignée d'entreprises françaises n'est pas l'une des avant-gardes de cette fameuse réindustrialisation.
Je parierais volontiers que oui.
Je suis en particulier frappé par le fait que l'on sent comme une "école" française dans ces différents projets. Tous reconnaissent l'héritage de Rafi Haladjian qui avait été pionnier avec son lapin Nabaztag et sa société Violet, et qui récidive désormais avec Sen.se. Beaucoup ont croisé la trajectoire de Xavier Niel. Tous connaissent Henri Seydoux et les succès de Parrot, dont ils s'inspirent. Mais au delà de ces "pères fondateurs", ils sont désormais nombreux à se lancer dans la bataille. J'avais commencé à en parler il y a un an en appellant cela l' "Internet plus". On pourrait citer les tablettes d'Archos ou de Unowhy, on pourrait mentionner Joshfire, Hackable devices - qui nous avait enchanté de son baby foot enrichi au dernier Futur en Seine) et tant d'autres. On pourrait citer Devialet, qui avait aussi gagné un Best of innovation award l'an dernier et qui a opportunément annoncé hier une levée de fonds de 15 millions d'euros pour son ampli de nouvelle génération. On devrait y inclure la robotique qui est une autre de nos compétences françaises, et la santé. Nous avons toute une génération d'entrepreneurs qui se lancent dans cette bataille collective.
Le retour au hardware
Or, cette bataille est désormais mondiale, et peut-être centrale dans l'évolution du numérique. Au cours de la dernière session du Orange Institute, à New-York, nous avons eu sur ces questions une conférence passionnante de Rob Coneybeer, Managing director de Shasta venture, l'un des fonds prestigieux de la Silicon Valley.
Roy Coneybeer nous a d'abord soutenu, de manière très probante, mais un peu contradictoire avec les discours dominants, l'importance des entreprises de "hard" dans le paysage des "tech companies".
11 des 20 plus grandes sociétés technologiques mondiales, soit 54 % de la capitalisation totale, sont dans le hardware.
Bien sûr, c'est un hardware qui a été profondément bouleversé par la révolution Internet : il s'appuie sur de nouvelles technologies bon marché (vous les connaissez, elles sont dans tous les smartphones), sur de nouvelles possibilités de relations avec les publics (crowdfunding notamment, mais aussi l'ensemble des approches que nous avons développées dans L'Age de la multitude), sur l'extraordinaire potentiel du web social, qui permet d'insérer immédiatement tout device dans un réseau d'amis, sur les nouvelles possibilités du big data, sur une industrie manufacturière extrêmement bon marché, notamment en Asie.
Withings, Nest, Jawbone, Pebble, Ouya... elles sont des dizaines de sociétés à pouvoir prétendre illustrer cette lame de fond mondiale. Il y en a beaucoup dans le secteur de la santé. Elles sont souvent les avant-garde de ce numérique qui dévore le monde, qu'a présenté Nicolas Colin.
Elles renouent avec la grande tradition des innovateurs / inventeurs et tranchent très heureusement avec la litanie des "dot com", dont les projets commencent à être un peu trop formatés, et parfois un peu trop anecdotiques. Nous avons là des entrepreneurs qui savent concevoir et produire de réels objets, qui entrent dans l'électronique et la fabrication, qui savent ce que c'est que la production. Elles surfent sur une vague qui commence à peine à se lever et qui va libérer de plus en plus de puissance pour qui saura s'en emparer.
Surtout, elles sont portées par un type d'entrepreneurs bien particuliers, qui mélangent l'ambition globale et l'esprit de l'artisan, qui poursuivent des rêves concrets et les incarnent dans des objets désirables, qui excellent dans la technologie et aussi dans le design. Des entrepreneurs qui ne sont pas sans rappeler les pionniers de l'aviation ou de l'automobile...
Ils sont engagés dans une compétition réellement mondiale. Il n'y a pas (encore ?) de Silicon Valley pour ces objets connectés. Tous les continents, et de nombreux pays, semblent encore avoir leurs chances.
C'est pourquoi, après les mille bravos de circonstance pour Eric Carreel, pour Frédéric Potter et pour leurs équipes, nous devons nous demander si cette poignée d'entreprises françaises n'est pas l'une des avant-gardes de cette fameuse réindustrialisation.
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