mercredi 29 août 2012

Détruire de la valeur plutôt que d'en créer



Cloud Andromède : un projet « sans avenir » qui déshabille les acteurs en place

Cloud Andromède : un projet « sans avenir » qui déshabille les acteurs en placeCloud Computing - Selon le fournisseur d’hébergement cloud Gandi, les entreprises choisies par l’Etat pour le « cloud à la française » recruteraient les employés des acteurs en place… Pour un projet jugé sans avenir. Interview avec son président Stephan Ramoin.
Stephan Ramoin n’a pas sa langue dans sa poche. Le président de Gandi, l’un des grands acteurs français du marché cloud, réagit au projet Andromède de « cloud à la française ». L’Etat a confié à deux projets l’objectif de créer des services « cloud » français capables de concurrencer les ténors américains du domaine, Amazon et Microsoft en tête.
Pilotés pour l’un par Orange et Thalès et pour l’autre par SFR et Bull, ces deux initiatives sont subventionnées à hauteur de 250 millions d’euros. Pour Gandi, cet argent « jeté par la fenêtre » s’accompagne d’un autre problème : des tentatives de recrutement de ses employés, pour une « compétence » qui manquerait aux entreprises choisies par l’Etat.
Des chasseurs de tête pour Andromède ?
Pourquoi sortir de ce silence ? « Le ras-le-bol a supplanté le fatalisme. Il faut que les gens sachent que leurs impôts servent à des entreprises pour débaucher des gens d’autres qui fonctionnent », lance à ZDNet.fr, Stephan Ramoin.
« Nous avons eu des chasseurs de tête pour Andromède qui ont essayé de débaucher chez nous. Un autre chef d’entreprise dans le cloud m’a confirmé qu’ils ont été aussi approchés » explique-t-il avant de poursuivre : « Cela ne choque personne que des grandes entreprises viennent débaucher dans des PME de 50 personnes ».
En janvier, Orange vantait Thalès pour son expertise sur la sécurité, indiquant vouloir « commencer rapidement » Andromède. De même, SFR et Bull se sont montrés confiants sur leurs compétences communes. Pour le président de la PME, « les grands groupes sont plus rassurants pour l’Etat, avec des milliers d’ingénieurs… Incapables de faire ce que nous faisons avec 50 ».
Et de déclarer : « Je n’ai pas d’angoisse de voir les gens partir, même à deux ou trois fois le salaire. C’est très rare que ce type d’offre mène à des personnes heureuses de travailler. On voit plutôt des licenciements après un an … ».
Les acteurs en place écartés du projet Andromède
L'acteur accusé de chercher à débaucher ailleurs aurait d’ailleurs fait le pari d’un rachat global de Gandi, avant même de tenter d’embaucher directement des salariés. « Des gens du groupe sont venus nous voir, avec leur responsable. Au premier rendez-vous, nous avons indiqué que nous n’étions pas intéressés par un rachat. Ils ont ensuite clairement reconnu qu’ils n’avaient pas les compétences en interne » affirme le patron de Gandi.
« Nous sommes sans doute l'entreprise française qui fait le plus d'hébergement cloud en France, avec une technologie développée depuis quatre ans. Nous sommes les seuls à absolument tout développer en interne... On ne fait pas de la réutilisation comme des concurrents un peu plus connus. Avec le métier qui est le notre et notre position (l’un des premiers registrars), on devrait avoir des exonérations de charges sociales pour embaucher plutôt que d'être massacrés par ces charges » explique Stephan Ramoin.
« On a été consultés par un certain nombre de gens pour Cap Digital avant qu’Andromède ne se mette en place. Nous avons eu un rendez-vous avec le conseiller numérique du Premier ministre de l’époque, qui s’est conclu par un "On transmet". Au final, nous n’avons jamais vu les gens de Bercy. Et la Caisse des dépôts était trop peu compétente pour qu’on la recontacte » se rappelle-t-il.
« J’émets des doutes sur le contrôle que subira Andromède de la part de la Caisse des dépôts [Ndlr : la CDC détient 33,3% du capital d'Andromède]. Quand nous les avons rencontrés, ils ne comprenaient rien à ce que nous faisions. Le fait qu’on n’ait pas été consultés, voire choisis, fait que ma confiance est proche de zéro » conclut le chef d’entreprise.
« Nous pourrions créer ce à quoi Andromède n’aboutira jamais »
« Si on m’avait consulté, j’aurais proposé que l’Etat mette 25 millions dans un groupement d'intérêt économique (GIE) rassemblant trois ou quatre PME, avec la majorité des parts pour l’Etat. Nous aurions pu créer un vrai Cloud à la française fondé sur de l’Open Source » explique Stephan Ramoin.
Plus concrètement, le chef d’entreprise explique : « Sur un tel projet, pour 10% à 20% du budget d’Andromède [25 à 50 millions d’euros], une structure commune permettrait de sortir quelque chose de vraiment bon en quelques mois. Cela avec 50 personnes travaillant efficacement et un datacenter bien conçu ». A la manière du projet Nuage, qui regroupe sept PME.
Et d’entamer une charge contre les entreprises choisies : « Sur les objectifs d’Andromède, ils ne sont pas pertinents mais très douées pour le lobbying. Alors qu’il y a des sociétés qui agissent de manière beaucoup plus rapide et réactive… ». 

100% d'accord avec Stéphane. Le Cloud est à la mode, donc de tels acteurs doivent s'en emparer. Mais ils n'ont clairement aucune compétence en la matière et encore moins d'expérience.

Il n'y a qu'à voir la pub TV sur le sujet du "Cloud Maitrisé" -> Non seulement l'annonceur ne sait pas de quoi il parle, mais son agence de pub non plus. Bref, ils auraient pû éduquer le marché grâce aux millions de la CDC, mais c'est raté. L'éco-système (le vrai) du Cloud n'en profitera pas.

Après, Stéphane tire un peu la couverture à lui. Gandi ne fait de l'hébergement que depuis 4 ans, n'est ni le plus ancien, ni le plus gros hébergeur et l'open-source n'est clairement pas la réponse à tout (même si c'est génial).

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