Le MUNCI, association professionnelle, a adressé une longue lettre à Fleur Pellerin, ministre en charge de l'Economie numérique.
Alors que tous les regards se braquent sur l'emploi dans les télécoms suite à l'arrivée de Free Mobile, les informaticiens entendent ne pas être oubliés. Dans ce secteur, l'emploi est loin d'être un long fleuve tranquille.
Le MUNCI, une association professionnelle réunissant plusieurs milliers de membres salariés, indépendants et demandeurs d’emploi des professions du numérique (informatique, web, télécoms) a ainsi adressé une longue missive à Fleur Pellerin, ministre en charge de l'Economie numérique.
Avant de parler emploi et chômage, l'association s'inquiète de problèmes sociaux "trop souvent ignorés par les pouvoirs publics et partenaires sociaux (en raison notamment du très faible taux de syndicalisation de notre branche…)".
Le MUNCI dénonce ainsi une demande trop cyclique"souvent comparable au travail intérimaire", des conditions de travail souvent difficiles, des rémunérations inférieures à celles des autres cadres et à celles des cadres informaticiens en DSI, une convention collective Syntec-Cicf "peu avantageuse", un turn-over record ou encore un "dumping social assez fréquent par divers moyens (recours abusif à des stagiaires facturés, embauches et détachements d’informaticiens étrangers sous-payés…).
"Fausse sous-traitance"
Conséquence, les salariés dénoncent un mal-être au travail qui se traduit selon l'association par une une forte augmentation du taux d’arrêts (+ 20 %) et des sorties forcées (+ 20,8 %).
L'association demande donc "la mise en place d’une mission d’étude sur le secteur des services informatiques en France qui débouchera sur un rapport public (IGAS, ministériel ou parlementaire). Cette mission aura donc pour but d’évaluer les nombreux dysfonctionnements du secteur et pourra étudier également les aspects suivants valables pour l’ensemble des entreprises du numérique".
Concernant l'emploi en tant que tel, l'association dénonce l'externalisation qui "obéit moins souvent à une recherche d'expertise et de recentrage sur les cœurs de métiers… qu'à une volonté d'ajustement de la main d'œuvre en fonction de la conjoncture, de réduction des coûts et de report de flexibilité chez les sous-traitants".
Et de poursuivre : "il devient donc urgent de s’attaquer en France au développement exponentiel de la fausse sous-traitance dans le secteur des services". le jeunisme qui semble sévir dans les SSII via une loi visant à encadrer les pratiques de sous-traitance et d'externalisation en prenant en considération les spécificités du secteur.
D’après une étude d’Offshore Développement, l’offshore flirte en France avec les 10% du marché global des services IT, et devrait avoisiner les 15% en 2013. Une évaluation qui dépasse largement celle du syndicat des SSII...
Jeunisme
Le jeunisme en prend également pour son grade. "Avec une moyenne d’âge de 33 ans (40 ans pour l’ensemble des actifs) et l’un des taux de plus de 50 ans les plus bas de tous les secteurs d’activité (15%, contre 25% pour l’ensemble des actifs), le numérique est en France l’un des secteurs où l’âgisme (discrimination à l’embauche sur le critère d’âge) est le plus répandu et où l’expérience est trop peu valorisée.
On devient "vieux" dès la quarantaine dans l’informatique, voire même avant pour les profils techniques (essentiellement les développeurs) qui représentent la très grande majorité des postes d’informaticiens, ce qui entraine un nombre élevé de reconversions chez les quadras et quinquas par ailleurs les plus frappés par les licenciements (pour laisser la place aux jeunes recrues…)", explique l'association.
Le MUNCI souhaite également faire bouger les lignes en matière de formation. Si la formation initiale "est suffisante en termes de capacités", l’offre de formation continue pour les demandeurs d’emploi "souffre de nombreux problèmes".
Rappelons qu'entre 2011 et 2012, les déclarations d’embauches dans les télécoms et l’informatique ont reculé de respectivement 33,7% et 19,2%, selon les chiffres de l'Urssaf et de l’Acoss.
La baisse des embauches s’est en outre accentuée dans les télécoms. C’est moins le cas pour l’informatique, même si les chiffres contredisent la confiance affichée par les entreprises et leurs prévisions de recrutement.
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