mercredi 27 novembre 2013

Louvois : la discussion des responsabilités de l'échec

Repris de

http://www.zdnet.fr/actualites/louvois-steria-ne-veut-pas-porter-le-chapeau-39795875.htm



Louvois : Steria ne veut pas porter le chapeau

Technologie : Associé à l’échec du système Louvois de la Défense, Steria ne veut pas être désigné comme le seul responsable et rappelle ainsi ne pas être l’éditeur du calculateur de solde, source principale de ce fiasco. La responsabilité est donc « collective ».

En raison des problèmes persistants dans le paiement des soldes des militaires français, le ministère de la Défense a finalement pris la décision d’abandonner le système Louvois. Selon Le Figaro, ce dernier devrait persister cependant encore 18 à 24 mois, le temps de déployer une nouvelle solution.
Si les ressources humaines du ministère sont épinglées pour ce fiasco, elles ne sont cependant pas les seules. Steria, un des prestataires informatiques engagés dans Louvois, est lui aussi souvent cité, notamment du fait des indemnités qu’il pourrait obtenir pour rupture de contrat.

Steria souligne la nature positive de sa mission : "mettre fin aux dysfonctionnements"
La SSII entend toutefois dénoncer le fait « d’être systématiquement amalgamé aux difficultés de Louvois » et apporter « des précisions » par le biais d’un communiqué. Steria précise ainsi ne pas être à l’origine du calculateur de soldes.


Or, comme l’indique à acteurspublics.com la députée Geneviève Gosselin-Fleur, co-auteur d’un rapport parlementaire consacré notamment à Louvois, « le problème venait principalement du calculateur de la solde. »
« Le calculateur pose un problème de fiabilité et de stabilité » ajoute-t-elle encore. Steria, selon qui sa mission consiste justement à « aider à mettre fin aux dysfonctionnements de cette solution développée par un tiers », prend donc ses distances avec cet échec retentissant.
Pas question donc d’être désigné comme le responsable. D’ailleurs, la députée Geneviève Gosselin-Fleur l’assure, « il n’y a pas un seul responsable. ». Le secrétaire général pour l'administration (SGA) au ministère de la Défense, Jean-Paul Bodin, le confirmait lui aussi à la Voix du Nord, la responsabilité est « collective ».

Dommages collatéraux de la RGPP 
Néanmoins, l'intervention de Steria ne se limitait pas au traitement des dysfonctionnements. En effet, en remportant en 2007 l'appel d'offres face à Logica, la SSII français héritait plus largement de la maitrise d'œuvre de Louvois (3) et décrochait un contrat de 6 millions d'euros. 
Pour autant, l'ancien SGA, Christian Piotre, auditionné en juin par la commission de la défense de l'Assemblée, ne met pas en cause la responsabilité des prestataires, et notamment de Steria dans cet échec.
« Je n’ai pas été informé de déficience majeure de leurs prestations. En revanche, cela a été le cas pour Louvois I et II, qui ont donné lieu à des sanctions et à des procédures contentieuses » déclarait-il.
Et la cause semble plutôt à chercher du côté des réformes successives conduites dans le cadre de la RGPP. « Je ne voudrais pas qu’on néglige la pression qu’elle exerçait sur le ministère pour faire évoluer son calendrier, en fonction de rendez-vous interministériels qui nous étaient imposés » insistait Christian Piotre.

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10 réponses
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  • Franchement, un logiciel de paie, ce n'est quand même pas si compliqué, si ? Et surtout, c'est loin d'être nouveau !
  • On a bien compris que personne n'est responsable dans l'affaire, et que des millions d'euros ont été dépensés pour rien, mais ce n'est pas le pire : alors que nous devrions pleinement supporter notre armée, et ces gens qui s'engagent pour défendre le pays au prix de leur vie, nous ne sommes mêmes pas foutus de les payer en temps et en heure, et ça, je suis désolé, c'est clairement intolérable !

    Pour ma part, je serais pour verser une prime exceptionnelle aux militaires en guise d'excuse de la nation envers ses défenseurs. Ce serait la moindre des choses !

    HONTE à nos dirigeants pour ce nouveau fiasco !
  • Détourner l'attention sur d'autres responsables du problème semble être une politique récurrente dans ces grosses boîtes.

    Les contrats sont mirobolants, les conditions avantageuses même si le client n'est pas satisfait, et lorsqu'on en arrive au fiasco, vite, on désigne un autre coupable pour éviter de trop salir son image, et ainsi pouvoir recommencer avec les clients suivants.

    Non, c'est décidément trop simple. Ce qui est important de retenir dans cette affaire, c'est que la maitrise d'œuvre de Steria, qui nous a coûté un bras, a été un échec confirmé sur la durée.

    La tâche principale de l'entreprise était de veiller au bon déroulement des opérations, en prenant toutes les mesures nécessaires pour régler les problèmes afin d'atteindre les objectifs. La défaillance de Louvois, qui n'a pu être réglée depuis des années, est juste le révélateur que le travail pour lequel Steria a été grassement payée (avec de l'argent public, donc le nôtre) n'a pas été fait correctement. Sur la partie qui lui incombait (élaboration et contrôle de la bonne exécution du projet), elle est bien la seule et unique responsable.

    Alors, les « responsabilités partagées », c'est juste de la com' pour noyer le poisson.

    Je sais que ce n'est pas la première fois que cela arrive, pour avoir déjà travaillé à plusieurs reprises avec cette société sur des contrats qui ne se sont pas très bien passés (plus cher et plus long que prévu, objectifs pas toujours atteints). Et malheureusement, nombre de ses concurrents ne valent pas mieux. Alors, quand on se demande où passe notre argent...
    • Mouais, commentaires de pépé75 typique de l'entreprise qui ne sait pas gérer ses prestataires, surtout dans l'informatique, ou typique du commanditaire qui se spécialise dans le transfert de responsabilité vers son prestataire pour cacher son incompétence !

      Je ne suis pas là pour défendre Stéria ni n'importe quelle autre SSII, mais il serait peut être temps qu'un jour les commanditaires se responsabilise un peu, se professionnalise un minimum et comprennent que l'objectif de la SSII n'est pas du tout le même qu'eux. Qu'ils comprennent que les SSII ont l'expérience, la technique, la méthode pour faire gober de la merde à des commanditaires incompétents qui prennent pour argent comptant des énormités, et qui se plaignent ensuite de s'être fait avoir.

      L'orgueil et la bêtise sont probablement les principaux défauts, et combiner à la "sournoiserie" des SSII, vous pouvez être sur que les commanditaires, de 99% des cas payent un prix exorbitant pour un service tout juste rendu !
    • Je ne peux que plusé ce que pépé75 et muvuye15 disent : je bosse actuellement comme sous traitant pour une boite ou les architectes sont eux aussi des sous traitants, les intégrateurs sont aussi des sous traitants, bref, il ne reste que 2 ou 3 internes sur tous le lot ... qui en plus ne sont pas au top techniquement.
      Bref, on peut se demander comment ça peut tourner ... heu, nous, on ne se demande plus.
  • Petit rappel : ~75% des projets informatiques sont des échecs ; majoritairement pour des problèmes de management, beaucoup plus rarement pour des problèmes techniques.

    La chose que je ne comprends pas est comment ce système, avec tous ces dysfonctionnement, s'est-il retrouvé en production ? Je serais curieux de jeter un oeil sur la stratégie de tests et les procédures de risk management...

    Par ailleurs, si le soucis vient du moteur de calcul, je serais également curieux de voir les specs... A titre d'exemple, j'ai oeuvré sur un projet (qui s'est mal terminé) dans lequel il y avait un composant de tarification : les règles étaient tellement complexes que même les spécialistes du métier (du client) étaient incapables d'en formaliser les spécifications... résultats, après 3 ans, le projet a été abandonné et tout le monde a été perdant... et cette histoire est loin d'être une exception...
  • C'est connu depuis des années : les "grandes SSII" n'ont pas le personnel pour assurer toutes les missions qu'elles obtiennent. On se demande comment les acheteurs, qu'ils soient dans le privé ou le public peuvent encore faire appel à elles. Paresse intellectuelle, méconnaissance du marché, affinités avec les commerciaux...
    Il m'est arrivé d'être en troisième voire quatrième niveau de sous-traitant. Personne n'est dupe mais tout le monde fait "comme si". Tout le monde prend sa marge, celui qui bosse est payé, tard, avec des queues de cerises et le client paie un maximum.
    Tout va très bien Madame la marquise.
  • Allez, on tape sur les boites qui savent en général créer de la valeur...
    Il faut surtout remettre en cause le mode de fonctionnement des appels d'offre publics pour ces gros projets. La personne publique (personne n'est responsable - si le contribuable) émet un CCTP qui contient des détails incroyables sur le fonctionnement futur du système pour un projet qui va durer 4 ans. Les sociétés qui répondent n'ont pas le droit de dire "la vous avez fait une erreur, vous devriez simplifier en raisonnant de telle manière.... Nous ne pouvons pas faire ce que vous demandez, il faudrait plutôt le faire comme ça" - bref une approche relativement participative. Le CCTP contient des absurdités, on s'engage à réaliser des absurdités. Au beau milieu du projet, une nouvelle loi arrive, la RGPP et rend le CCTP complètement obsolète, pourtant il est signé pour 4 ans, on en est à deux, il y a des dates butoirs légales qui ne tiennent pas compte du projet, bref le fiasco est annoncé...
    Il faut inventer le CCTP agile qui permet d'encadrer la prestation tout en l'adaptant à la réalité du terrain et des changements législatifs qui arrivent toujours dans ces projets publics. Bref une démarche intelligente et souple qui permet de gagner du temps et de l'argent...
    Le CCTP doit passer de l'approche BTP à l'approche informatique qui travaille sur des processus qui changent dans le temps...
    • @sergio95810
      +1
      ça fait longtemps maintenant que je suis convaincu que les projets au forfait (obligation de résultat/délais) avec pénalités pour le prestataires, sont des fiascos annoncés.
      ... et depuis le temps qu'on le dit, et que la réalité le démontre chaque jour, c'est à désespérer...
  • ... moi aussi j'ai travaillé pour Steria... et tout cela est loin de m'étonner. J'en suis parti, je ne souhaitais pas polluer ma carrière avec des références aussi pourries et ma santé a me battre avec ceux que les clients ne voulaient plus... lisez plus loin!


    -- les commerciaux sont mauvais, ils vendraient leur mère si c'était possible. bref, ce sont des marchand de tapis, peu importe, il faut un contrat signé.

    -- Le management n'est pas meilleurs, l'essentiel c'est de magouiller dans les couloirs de la boite pour ne pas se faire doubler par un plus mauvais que soi qui n'a pas de contrat.
    S'absenter quelques mois chez un client, c'est quasiment se suicider.

    -- Les contrôleurs de gestion (projet, les autres, dans le doute...), que dire... difficile de faire plus mauvais. ils vont raler pour l'achat d'un portable a 300 euros et autoriser un aller retour en région a 500 euros... pour une réunion qu'un coup de téléphone suffit a remplacer.

    -- Pour la technique... alors là, il y a les documents qualité du groupe. l'essentiel c'est de les montrer dans l'armoire pour dire qu'on est ISO/EN peu importe le numéro derriere.

    Les chefs de projets, les vrais lorsqu'il y en a, sont tellement pressés par les délais et les charges qu'ils ne peuvent pas tout faire rentrer s'ils respectent justement ces manuels qualité.

    ... Alors, ils font semblant et a la place de sortir les démarches méthodologiques qui conviennent, et qui coutent en temps, ils prennent toujours un raccourci qui au final va couter plus cher.

    On fait alors appel aux commerciaux qui vont tenter de tirer une rallonge et souvent ils y arrivent, c'est prevu dans les marchés, en général a hauteur de 15%!

    -- Il reste le pingouin, celui qui arrive tôt, qui gratte de la spec ou du code, des tests... celui qui vient connecter les machines, sauver les OS en péril tellement le pro n'est pas venu l'installer... idem pour les bases de données ou le spécialiste réseau!
    Si vous saviez le risque que la majorité des clients courent, c'est un miracle qu'on en parle pas plus.

    Chez Steria, il y a un petit noyau dur, surbooké, qui change de projet a la demande pour aller faire le pompier sur le projet voisin a la ramasse.... ceux la sont bons en général, et a part quelques dinosaures anciens ils sont payés des cacahuètes exactement comme l'étudiant en fin de cycle qui n'a pas réussi a trouver un bon stage, dont l'expérience du boulot est nulle, qui passe son temps a demander aux autres en leur faisant perdre du temps et dont la qualité du produit est franchement de basse qualité.


    Alors, quand ils se déchargent sur les autres Steria oublie son devoir de conseil, y compris auprès de l'état et des marchés public, car, ceux qui sont au contact des responsables de projet coté client, ne savent rien de rien, si ce n'est la fiche du contrôleur de gestion qui leur exprime qu'ils ont déjà dépassé de 30% le budget avec une retard de x jours!


    Je ne défends pas l'armée, eux ils sont pas très bons non plus, mais la hiérarchie au moins fait appel a des spécialistes, même s'ils ne suivent pas ensuite les conseils.
    Quand a la dynamique législative, si la conception du produit est bien faite, le changement de règle n'empêche pas le fonctionnement du logiciel qui doit avoir été prévu pour! (voir plus haut, le temps de conception supprimé en s'assoyant sur la méthodologie).

    Steria est coupable, autant que d'autres intervenants sur ce système d'autant qu'ils ont soit une responsabilité de maitrise d'ouvrage soit une de maitrise d'oeuvre peu importe, ils n'ont pas fait leur boulot. Ils ne sont pas seuls, helas!

    Vous pouvez ne pas me croire... 30 ans de direction de projet a ce jour dont quelques années a Steria m'ont appris la musique.

    Bonne soirée

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