mercredi 24 avril 2013

Economie Web des externalités de communauté


L'économie de l'identité numérique : esquisse de modélisation

Définition de l'externalité selon Dominique Henriet

On dit qu’il y a externalité lorsque l’activité de consommation ou de production d’un agent a une influence sur le bien-être d’un autre sans que cette interaction ne fasse l’objet d’une transaction économique."

On distingue les externalités négatives et les externalités positives.

La pollution est l’exemple le plus typique d’externalité négative : lorsqu’une usine pollue son environnement en rejetant des déchets, elle inflige une nuisance aux habitants de la région. Cette pollution n’est pas nécessairement attachée à des rejets toxiques, elle peut être visuelle (la construction d’un équipement productif ou même de logements peut altérer la vue initiale des riverains), sonore, ou de manière plus générale, modifier certains équilibres naturels ce qui, indirectement, peut affecter le bien-être de certains agents de l’économie.

L’encombrement dû à la circulation automobile est un autre exemple d’externalité négative réciproque : chaque automobiliste gêne son voisin de sorte que l’augmentation de la circulation entraîne une congestion qui rend les déplacements de plus en plus difficile.

On parle d’externalité positive dans le cas où l’interaction aboutit à une augmentation de bien-être. L’effet de norme ou de club est l’exemple d’externalité positive réciproque : la valeur accordée par un consommateur à un produit ou à un service augmente lorque le nombre de consommateurs de ce produit ou service s’accroît. Ainsi en est-il par exemple du téléphone ou de la télécopie: plus le réseau est étendu, plus nombreux sont les correspondants accessibles et donc plus le raccordement devient intéressant pour un nouvel abonné.

Par conséquent, le coût commercial de recrutement des abonnés baisse, puisque les abonnés s'incitent les uns des autres à entrer dans le club. Par ailleurs, un service valorisé par son externalité positive pourra être vendu plus cher.

La caractéristique d’une externalité est de ne pas être immédiatement associée à une transaction économique. Il en résulte que l’arbitrage présidant à la décision privée ne tient pas compte des coûts ou des avantages associés à l’externalité . Dans le cas d’une externalité négative cette omission aboutit à une augmentation des coûts et une perte de bénéfices. Dans le cas d’externalité positive cela conduit au contraire à une diminution des coûts et une augmentation des bénéfices.

Rendre possible un calcul économique exige la mise en place d’instruments dont l’objectif est d’internaliser l’externalité. C’est à dire des instruments susceptibles de réintroduire l’arbitrage privé les coûts ou les avantages des externalités.


Les concepts d'identité, de "panorama des identités" et de "chaos"

Nous nous donnons en préalable un idéal type (au sens de Max Weber) : un club suffisamment constitué pour être capable de supporter des transactions économiques entre des fournisseurs/vendeurs et des acheteurs/usagers. Nous définirons ce niveau de constitution comme une "communauté d'affaires". C'est à dire que devant un fournisseur/vendeur, les acheteurs/usagers apparaissent comme ayant une même "communauté" du point de vue d'une échelle de valeurs.

Symétriquement les acheteurs/usagers considèrerons comme "communautaires" les offres des fournisseurs/vendeurs du point de vue des normes prises en compte dans les produits et services offerts.

Ajoutons au terme "communauté" le qualificatif "numérique" : "la communauté numérique". Le numérique n'est pas à prendre au sens du codage, mais au sens du nombre ordinal. La communauté se calcule par la gestion des ordinalités dans le comptage des unités. Premier, second, troisième rang.. A un 1 s'ajoute un 1. A un 1000 s'ajoute un 1.. Nous en resterons ici au niveau de l'intuition des dimensions de l'ordinalité.

Donnons nous un idéal, où l'ensemble des externalités peuvent être décomposées et intégrées selon des "identités distinctes" dans une communauté. 

"L'externalité positive maximisée" serait le panorama de l'ensemble des identités telles qu'elles s'articulent de façon à apparaitre comme distinctes entre elles. Chaque identité apparait assez constituée pour fonctionner comme une "propriété commune". Par exemple, dans la communauté générale de la viticulture française, une appellation contrôlée "viticulture française bio" deviendrait une identité par la sommation de ses externalités positives.

En contraste, il faut concevoir un "Chaos" où aucune identité émerge de façon univoque. Toutes les distinctions sont brouillées. Par exemple, il aurait des appellations "viticulture française bio" pour des vins fabriqués en Australie selon des méthodes utilisant massivement des sulfites. Tout serait falsification car il suffirait d'un item pour fonder une identité. Par exemple, un pied de vigne aurait été acheté dans un domaine faisant du bio France, et cela suffirait pour étendre l'identité "viticulture française bio".

Nommons ce phénomène "pollution identitaire" et ses éléments "polluant identitaire". Ce sont les équivalents de "la pollution" et de "l'élément polluant".


UN MODÈLE DE "POLLUTION / DE DISPERSION IDENTITAIRE"

Utilisons un modèle simple de "Pollution/ Dispersion identitaire". Des sites, en nombre K, sont installées dans le Web et y déversent des "fragments identitaires" qui inhibent la formation de communautés proposant des "panoramas d'identités distinctes". La quantité de polluant identitaires déversée par un usager j (fournisseur ou acheteur) est notée . Le "panorama des identités" dépend de la quantité totale de fragments identitaires déversés,  où  désigne dans une communauté la qualité du "panorama des identités".

Sans aucune intervention régulatrice, les sites ne sont pas incités à réduire leur dispersion identitaire. Dans ce cas les sites déversent chacune une quantité de polluant identitaires égale à  ce qui conduit à un " panorama des identités" de mauvaise qualité .

Pour les usagers du Web, la qualité du "panorama des identités" est un bien communautaire. Le consentement à payer de l'usager i (fournisseur ou acheteur) pour passer d’un panorama de qualité  à un panorama de qualité y est notée . Le consentement marginal à payer correspondant sera noté .


A chaque site, la communauté (le fournisseur initial du bien et du service) propose une technologie de traitement des polluants identitaires qui lui permet, moyennant un coût de fabrication d'identité, de rejeter moins de polluants identitaires dans le Web. On supposera que pour le site j le coût de fabrication d'identité pour passer d’une quantité de polluants identitaires  à une quantité q s’écrit :


, s’interprète comme le coût marginal de fabrication d'identité. Ce coût marginal est d’autant plus fort que la quantité de polluants identitaires est fort. Si la quantité de polluants baisse, le coût marginal baisse  : ainsi est traduit la difficulté décroissante inhérente à la fabrication d'identité dans la communauté.

Du point de vue de l’efficacité collective il y a un double arbitrage à réaliser : l’arbitrage entre le coût initialement élévé de fabrication d'identité et l’avantage de disposer d'un panorama communautaire peu pollué d’une part, et la répartition de la charge de fabrication d'identité entre les différents sites K d’autre part.

Il est clair d’abord que le coût total de fabrication d'identité, pour un niveau donné de polluants identitaires, doit être minimisé. Ceci impose donc que, pour chaque niveau total donné de polluants identitaires q envisagé, les quantités de polluants identitaires des différents usagers de la communauté (fournisseurs et acheteurs) soient :


C’est à dire telle que la répartition des polluants identitaires minimise le coût total.

Il en résulte qu’on doit répartir la charge de fabrication d'identité de manière à égaliser les coûts marginaux de fabrication d'identité :


Si ce n’était pas le cas il serait toujours possible, à une quantité totale donnée de polluants identitaires, de diminuer le coût total en autorisant une augmentation des polluants identitaires d'usager ayant un coût marginal élevé. Cela serait compensée par une diminution des polluants identitaires d'un usager ayant un coût marginal faible.

Concrètement, dans le Web, faute d'une régulation économique globale d'une communauté, les usagers initiateurs ayant des images identitaires fortes renforcent leurs identités numériques, tandis que les usagers nouveaux entrants porteur de polluants numériques ne font pas d'effort pour réduire leur pollution.

Nous en avons un exemple dans la relation entre Majors des médias et sites peer-to-peer.

Imaginons que les Etats aient une intervention régulatrice qui poussent les nouveaux entrants à contribuer à l'effet de club, donc à prendre en compte non seulement les bénéfices mais aussi les coûts des externalités. Si l’on note :



le coût total de fabrication d'identité, on obtient par le théorème de l’enveloppe :


Le coût marginal total de fabrication d'identité (que l’on notera ) est égal, à l’optimum, au coût marginal commun de chacun des usagers.

Il s’agit ensuite de déterminer le niveau efficace de pollution identitaire totale. Clairement, la qualité de distinction des identités dans les panoramas communautaire est un bien commun pour l’ensemble des usagers du Web. L’équation nous donne alors la solution : la quantité efficace de fragments identitaires  est solution de :



LES INSTRUMENTS DE LA RÉGULATION

Dans le paragraphe suivant, il faut considérer les notions de "taxe", de "subvention" et de fiscalité comme des moyens d'action d'une puissance régulatrice du web. On imaginer que le terme "taxe" représente un encadrement juridique de l'action des usagers par des droits à respecter.

A l'inverse, la "subvention" serait des encouragements à la formation de communautés spécifiques apportant un haut niveau de service aux usagers, services de qualité qui permettraient aux fournisseurs de facturer un prix conséquent.

Etant donné le cout d'effort de coopération à construire une identité forte, il n’y a aucune incitation, pour les usagers, à entreprendre une réduction de leur émission de fragments identitaires ? Quels instruments sont susceptibles de les responsabiliser?

La première idée serait d’appliquer le principe/ “ pollueur-payeur ” en "taxant" les sites en fonction de la quantité de polluants identitaires dispersés. C’est là, en quelque sorte, un instrument d’intéressement “ négatif ” : la pollution identitaire est sanctionnée.

La seconde solution consisterait à "subventionner" la fabrication d'identité. C’est plutôt là un instrument d’intéressement “ positif ” : la fabrication d'identité est récompensée.

Ces différentes solutions correspondent comme on le verra un peu plus loin à une répartition implicite des droits de propriété sur le “Bien Commun” environnement/ Web.

Examinons plus généralement l’incidence d’un instrument mixte comprenant, une "taxe" linéaire à la pollution d'identité , et une "subvention" affine à la fabrication d'identité comportant une partie forfaitaire et une partie proportionnelle au coût de fabrication d'identité, .

Face à un tel instrument, l'usager j choisit un niveau de polluants identitaires qui minimise le coût restant à sa charge :


c’est à dire vérifiant :


Comment faire alors pour que la décision de l'usager soit efficace? Un simple coût d’oeil suffit pour remarquer qu’en fixant les paramètres "fiscaux" de manière à avoir , où  est le niveau efficace déterminé dans le paragraphe précédent, alors la puissance régulatrice du web incite chaque site à choisir le comportement optimal. En choisissant les paramètre "fiscaux" de cette manière, La régulation du Web" incite chaque site à un comportement efficace.

Il faut remarquer cependant que la fixation du schéma "fiscal/régulateur" optimal est fortement conditionné par l’information dont dispose la puissance régulatrice : il faut, d’après les équations précédentes, que la puissance régulatrice soit en mesure de calculer .

Par ailleurs, "taxe" et "subvention" apparaissent comme instruments substituts au sens où un niveau élevé de la "taxe" implique un niveau faible de la subvention. Pour , on obtient l’application du seul principe “ pollueur-payeur ” et le niveau de "taxe" doit être égal au coût marginal de fabrication d'identité, c’est à dire à l’optimum exactement égal à la valeur de la perte d'externalité positive associée à une pollution supplémentaire. Au contraire le choix d’une "subvention" élevée implique un niveau de "taxe" faible.

De manière schématique on voit que le dosage entre les différents paramètres "fiscaux" induit une répartition différente du surplus dégagé par rapport à la situation initiale : la "taxation" se fait au détriment des usagers, la "subvention" à leur profit.

Externalités et droits de propriété

Une autre façon d’interpréter cet effet redistributif consiste à considérer la situation initiale (dispersion/pollution identitaire maximale) comme une configuration dans laquelle les droits de propriété sur un Bien commun, le "panorama distinguant les identités", font défaut.

Si l’on spécifie, par exemple, que le panorama “appartient” de plein droit aux initiateurs de la communauté, alors ceux-ci sont en mesure de “monnayer” l’usage de cet panorama comme réceptacle à polluants identitaires. La "taxe" s’interprète ici comme le prix de cet usage.

Au contraire, si l’on spécifie que le panorama “appartient” au nouveaux entrants, ceux ci sont en mesure de “vendre” la qualité de distinction du panorama, et c’est la "subvention" qui joue ce rôle.

Certains auteurs affirment que le problème des externalités est en fait causé par l’absence de droits de propriété clairement définis sur certains biens. Si le comportement d’un agent influence le bien-être d’un autre sans qu’il y ait transaction, c’est que la victime ne peut pas institutionnellement faire valoir un droit à “ ne pas être gêné ” ce qui peut dans de nombreux cas se traduire par un droit sur la propriété du “ vecteur ” de l’externalité : l’air, l’eau, le paysage, le panorama des identités...

Reprenons l’exemple des usagers au sein du web. Supposons que les usagers sont représentés par la puissance régulatrice et généralisons l’idée de droit de propriété sur "l’environnement/Web" de la façon suivante. La ressource identitaire est caractérisée, ex ante, avant toute intervention, par une panorama des distinctions d'identité de qualité .

Polluer/disperser les identités revient à consommer ce capital initial, à en affecter une partie à l’activité "faire du réseau pour le réseau".

Partager le droit de propriété sur le panorama des identités revient à répartir  entre les réseauteurs et les "usagers/club de service spécifique" et à faire de cette répartition l’allocation initiale de l’économie Web. Notons  la part de la propriété qui revient à un site de réseautage j. Cela veut simplement dire que le site de réseautage j a un droit initial de pollution/dispersion justement égal à .

Il en résulte alors en procédant de même pour tous les sites de réseautage, que la part qui revient à l'usager/club de service spécifique est . Nous sommes alors en présence d’une économie où le bien “environnement Web” fait l’objet de dotations initiales comme tout autre bien de l’économie.


En conclusion

L'économie de la qualité des services prime l'économie de la quantité. Dorénavant, le niveau d'activité économique est conditionné par la présence de clubs Web fournissant des services spécifiques. 

La nouvelle économie Web consiste à arbitrer en faveur de clubs, de communautés de services spécifiques intégrant des échanges économiques valorisant les externalités positives, et réduisant les externalités négatives.

Voici un schéma qui donne, selon nous, une vue globale de la dynamique de l'économie du Web :




L'utilisation efficace des ressources ne consiste plus dans un arbitrage entre activités peu automatisés et activités très automatisés. Elle consisterait dans un arbitrage entre une utilisation brouillonne du web et une construction de clubs de services spécifiques ayant des identités assez fortes pour supporter des échanges économiques pluri annuels intégrant les effets bénéfiques des externalités négatives.

Un Web ne proposant que des activités de réseautage avec des liens d'identité faibles a pour conséquence la neutralisation des échanges économiques.

Voilà notre hypothèse qui serait à vérifier : par rapport aux Etats Unis et aux pays asiatiques, la faiblesse de la croissance occidentale et notamment française est la conséquence de l'utilisation inefficace du web.



mardi 23 avril 2013

Apple & Lutte des classes : la rencontre

Cinq à huit millions d’iPhone défectueux renvoyés chez Foxconn
Technologie : Deux sites Internet chinois affirment qu’Apple aurait retourné entre 5 et 8 millions d’iPhone à son sous-traitant Foxconn en raison de vices de fabrication.


Le mois dernier, Foxconn, le principal sous-traitant d’Apple qui fabrique la plupart de ses produits phare, aurait été contraint de reprendre entre 5 et 8 millions d’iPhone défectueux. C’est ce qu’ont affirmé les sites chinois China Business et China Times (via MacRumors) selon lesquels ces smartphones Apple présentaient des défauts d’apparence ou de fonctionnement.
Les articles ne précisent pas de quel modèle d’iPhone il s’agit. On ignore également de quels défauts il est question ni comment un tel volume d’appareils a pu quitter les usines Foxconn sans que les contrôles qualité, fixés par Apple, n’aient rien décelé.

Une addition salée pour Foxconn 
La mésaventure pourrait en tout cas coûter à Foxconn jusqu’à 259 millions de dollars. On se souvient qu’en octobre dernier, la firme taïwanaise avait reconnu qu’elle rencontrait des difficultés avec la production de l’iPhone 5, « l’appareil le plus difficile que Foxconn ait eu à assembler. »
Des clients Apple s’étaient plaint que leur iPhone 5 sorti de la boîte présentait des rayures sur la coque et le chanfrein qui l’entoure. Ce défaut est-il à l’origine du retour massif ? Ni Apple ni Foxconn n’ont pour le moment communiqué sur cette affaire. (Eureka Presse)

Pénurie d’iPhone 5 : Foxconn évoque la complexité du processus d’assemblage

repris de ZDNet.fr |  


Technologie : Le design élaboré du nouveau smartphone Apple a posé des difficultés inédites au sous-traitant Foxconn qui assemble ces appareils en Chine. Les nouveaux contrôles qualité mis en place pour l’iPhone 5 sont d’ailleurs à l’origine de heurts dans l’une des usines qui le fabrique.


« L’iPhone 5 est l’appareil le plus difficile que Foxconn ait eu à assembler. Le design pour le rendre léger et fin est très compliqué ». Voilà ce qu’a déclaré au Wall Street Journal un cadre de Hon Hai Precision, la maison-mère de Foxconn, le principal sous-traitant d’Apple. La complexité du nouveau smartphone serait telle que la productivité en a été affectée, causant des pénuries d’approvisionnement.

Foxconn dit avoir amélioré le processus de fabrication et instauré des contrôles qualité plus stricts suite à des plaintes de clients assurant que leur iPhone 5 sorti de la boîte présentait des rayures sur la coque et le chanfrein qui l’entoure. En cause, le nouveau revêtement choisi par Apple qui est plus sensible aux rayures. « Il est toujours difficile de satisfaire à la fois les exigences esthétiques et pratiques », juge le responsable de Hon Hai Precision cité dans l’article.
Ce dernier a également admis que le renforcement des contrôles qualité sur l’iPhone 5 est bien à l’origine du conflit qui a opposé 3 000 à 4 000 ouvriers de l’usine de Zhengzhou à leurs contremaîtres. (Eureka Presse)

Hon Hai Explains iPhone 5 Shortage



Apple AAPL +2.04% has said its iPhone 5 sold faster initially than any other iPhone but sales have fallen short of some analysts’ expectations due in part to supply shortages.


So what’s causing the supply shortage? Here is Hon Hai Precision Industry Co. 2317.TW -0.91%’s take. The company, based in Taiwan with factories across China, uses the trade name Foxconn Technology Group 2354.TW +0.77%, and assembles many Apple products including the new iPhone.


“The iPhone 5 is the most difficult device that Foxconn 2038.HK -2.60% has ever assembled. To make it light and thin, the design is very complicated,” said an official at the company who declined to be named. “It takes time to learn how to make this new device. Practice makes perfect. Our productivity has been improving day by day.”



Apple Contractors Says It Hired Teen Workers

Hon Hai Precision Industry acknowledged that it hired underage workers at one of its China plants, in the latest hit to the labor practices of the major contractor for Apple and other electronic giants. The WSJ's Yun-Hee Kim has the details.

The executive said Hon Hai has taken steps to improve its productivity and address scratches on the metal casings of some new iPhones that were shipped. Hon Hai has recently implemented a new quality check procedure to reduce the chance of damages. But he noted the iPhone 5 uses a new coating material that makes it more susceptible to scratching.

“It’s always hard to satisfy both aesthetic needs and practical needs,” said the executive.




Kin Cheng/AP

iPhones under construction in Shenzhen


The recent spate of labor strife at the Taiwanese contract maker has raised concerns over whether Apple will be able to keep up with strong demand for the new smartphone. Hon Hai said earlier this month that two disputes between employees occurred at its manufacturing plant in Zhengzhou in China’s central Henan province, with neither incident leading to work stoppages. Hon Hai said it has addressed the disputes, which took place earlier this month amid a weeklong holiday commemorating China’s National Day. The company said the incidents involved a small group of production-line workers and quality-check personnel.

Hon Hai currently assembles the iPhone 5 for Apple at its plants in Zhengzhou, central China, and in Guan Lan, in southern China.

He admitted that the conflict between assembly line workers and quality inspectors at its Zhengzhou site last month was partly due to the metal casing and other “quality issues,” but he didn’t elaborate.

“The Zhengzhou site, which was set up in 2011, is still pretty new to us. We are still learning how to manage the work force there,” said the executive.

Since the Zhenghou site is a major production facility for the iPhone 5, Hon Hai has continued to increase hiring in Zhengzhou to boost its production capacity for Apple products and other customers, said the executive.



Foxconn : une rixe dans une usine fait plus de 40 blessés
ZDNet.fr | 



Business : L'assembleur de la plupart des smartphones de la planète, dont l'iPhone, a du fermer son usine de Taiyuan suite à une bataille rangée entre 2000 ouvriers.


Une bataille géante impliquant 2000 personnes a éclaté ce dimanche dans l'unité de production de Taiyuan (nord de la Chine) faisant une quarantaine de blessés, dont trois graves. La direction de l'assembleur souligne que cette rixe est le résultat "d'une dispute entre plusieurs employés qui n'est pas liée au travail". L'usine emploie près de 80 000 personnes.
Mais selon des posts sur des réseaux sociaux chinois, c'est en fait une bagarre entre employés et gardes de sécurité qui a éclaté. Ces derniers auraient passé à tabac un ouvrier provoquant la colère de ses collègues.
Et selon l'agence de presse Xinhua, c'est un conflit entre des ouvriers originaires de différentes provinces qui serait à l'origine de la bagarre. Une chose est sûre, l'usine a été fermée "pour les besoins de l'enquête".
Voila qui ne va pas redorer le blason de Foxconn, premier assembleur mondial de smartphones, dont les iPhone, et régulièrement épinglé pour ses méthodes de "management" plus proches de celles de l'armée qu'autre chose.

"Des ouvriers traités comme des robots" 
"Lorsqu'on a un environnement de travail comme celui de Foxconn, où les ouvriers sont traités comme de simples unités de production, des robots et non des êtres humains, la violence reste parfois le seul moyen de s'exprimer et des peccadilles peuvent très vite dégénérer" a commenté à l'AFP Geoffrey Crothall, porte-parole de l'association China Labour Bulletin, basée à Hong Kong.
Les critiques écornent par ricochet les géants de la high-tech qui se fournissent chez Foxconn et en premier lieu, Apple. La firme tente donc de faire pression sur le géant taiwanais et estime même avoir réussi à faire bouger les lignes.
Elle a commandé un rapport à la Fair Labor Association (PDF) sur les conditions de travail dans les usines chinoises de Foxconn, rapport qui montre les conditions de travail se sont bien améliorées.
Pour la FLA, "beaucoup de changements pour améliorer la santé et la sécurité des ouvriers ont été effectués depuis notre dernier rapport, dont l’application des pauses, le changement des équipements pour protéger des problèmes liés au travail répétitif". 
Il faut néanmoins rappeler que la FLA a été largement pointé du doigt lors de son choix par Apple en février dernier. Ainsi, comme le rappelait Le Monde.fr, Apple figure depuis janvier parmi les membres de l’association créée dans les années 1980 pour donner bonne conscience aux marques de vêtements de sport, étrillées sur la sous-traitance.
Bref, les "progrès" de Foxconn doivent encore être démontrés et cette bagarre générale ne plaide pas vraiment dans le sens d'une amélioration des conditions de travail.

vendredi 19 avril 2013

Austérité : une erreur de calcul Excel ?


    Repris de  , association de doctorants et jeunes actifs 





Un calcul montrant que la croissance des pays est pénalisée lorsque leur ratio dette/PIB passe les 90%, apparaît avoir été causé à la fois par des choix méthodologiques discutables et par une erreur dans une formule de tableur cc/Princeton Press

Une large part du débat se focalise sur ce seuil à 90%, qui avait occupé beaucoup d’espace dans le débat public et constitué, à en croire bon nombre de commentateurs, une caution académique pour les politiques d’austérité. Ce n’est cependant pas ce qu’il faut retenir de cet épisode. Leur étude contient des éléments beaucoup plus intéressants sur le processus conduisant aux crises bancaires et sur la répression financière qui s’ensuit. L’épisode lui-même est instructif quant au fonctionnement du débat public et académique, et a le mérite d’attirer l’attention sur le risque lié à l’utilisation d’un tableur pour des calculs dont la fiabilité est importante.
Depuis la parution d’un papier de l’Institut Roosevelt [1], les réseaux sociaux et la blogosphère économique sont en ébullition : un résultat de Reinhart et Rogoff, que la croissance des pays est pénalisée lorsque leur ratio dette/PIB passe les 90%, apparaît avoir été causé à la fois par des choix méthodologiques discutables et par une erreur dans une formule de tableur [2].

Source : Hendon, Ash et Pollin (2013)

This Time is Different : Le rôle déterminant des bulles de crédit et l’analyse sur la répression financière 

Il n’y a sans doute pas lieu de négliger l’importance de This Time is Different sur la seule base de cette erreur. La détermination d’un seuil d’endettement à partir duquel la dette est un obstacle à la croissance n’est pas la principale contribution de cet ouvrage. C’est probablement sa partie la plus fragile et la moins intéressante. Le grand apport de Reinhart et Rogoff est leur analyse historique profonde des crises bancaires.

Celle-ci a permis de mettre en évidence le rôle déterminant des bulles de crédit, en particulier immobilières dans le déclenchement des crises. Surtout, et c’est ce qui a donné son titre à l’ouvrage, ils montrent très efficacement comment la constitution de ces bulles repose fondamentalement sur des anticipations biaisées, sur la croyance renouvelée que cette fois, c’est différent, et qu’une innovation donnée (Internet et la titrisation étant les deux derniers avatars) modifie en profondeur le fonctionnement de l’économie en augmentant très rapidement les perspectives de croissance.

Il faut également retenir de leur travail toute la partie sur la répression financière. Tout autant que les ratios dette/PIB, cette boîte à outils et son utilisation vont probablement conditionner le fonctionnement des économies européenne, américaine et japonaise pour les dix ans à venir. Il semble que ce versant de l’ouvrage n’a pas reçu l’attention qu’il mérite.

This Time is not Different : La fragilité du seuil à 90% était connue et documentée par les auteurs eux-mêmes

Par ailleurs, il ne faut sans doute pas exagérer la portée réelle de ce seuil à 90%. Il a certes servi de référence dans certains débats, mais tout autre seuil proche, calculé par une méthode similaire, aurait probablement tenu lieu de caution académique. On n’a pas attendu ces travaux pour fixer un seuil dette/PIB dans le traité de Maastricht (60% du PIB, pour mémoire).

La violence de la réaction des milieux académiques s’explique sans doute moins par l’effet de politiques utilisant ce seuil de 90% (ce qui n’est d’ailleurs pas clair : les analyses de soutenabilité de la dette semblent plus complexes) que par un sentiment de trahison. Le travail de Reinhart et Rogoff a été reçu comme une véritable contribution académique, où les auteurs avaient su mettre leurs opinions de côté pour exploiter un jeu de données très riche (et particulièrement difficile à construire). Apprendre que leur résultat est lié à des biais méthodologiques et à une erreur dans une formule est alors décevant, et d’autant plus décevant que leur réaction ne semble pas être à la hauteur.

Ceci étant, il faut aussi garder une certaine mesure dans les réactions. Le fait que ce seuil était calculé sur la base de relativement peu de points, et donc fragile, était un élément connu, et documenté par les auteurs eux-mêmes. Avant même la révélation des erreurs dans le calcul, il y avait amplement de quoi nuancer la portée de ce résultat, ce que ne s’est d’ailleurs pas privé de faire Paul Krugman, avec de bons arguments [3].

Excel, facteur de risque opérationnel

Un pont qu’il me semble important de souligner est la partie liée à l’erreur dans une formule. La faute est vénielle : dans une moyenne, un des chercheurs n’a pas tiré le cadre de sélection assez bas, et ainsi laissé de côté une partie des données. Oui, cela arrive à tout le monde. Non, cela ne devrait pas arriver, pas plus dans un travail académique que dans l’industrie ou la finance.

Le problème ici réside dans le choix de l’outil. Oui, un tableur est un outil fantastique pour faire des calculs de coin de table et avoir une idée sommaire de ce qu’il y a dans des données. Non, un tableur ne devrait pas être utilisé en production. Le vice fondamental du tableur est de rassembler dans une même interface les données, les formules et les résultats. On se retrouve ainsi facilement à éditer des données sans s’en rendre compte (un des no-no de la statistique : on ne change rien aux données sans le documenter), à remplacer une formule par une valeur, ou à éditer un résultat.

La dernière erreur est d’autant plus aisée à commettre que le plus souvent, les formules ne sont pas apparentes, masquées par leur résultat. Un copier-coller valeur, et une formule est remplacée par un résultat fixe. Une formule fautive peut rester cachée longtemps (c’est ce qui est arrivé à la Baleine de la Tamise [4]) ou, dans le cas de Reinhart et Rogoff, ne portée que sur une partie des résultats.

Toutefois, que celui qui n’a jamais commis ce type d’erreur leur jette la première pierre. C’est dire à quel point ces erreurs sont fréquentes, et pour la plupart passent inaperçues malgré des conséquences importantes. Omniprésent dans l’industrie et la finance, le tableur constitue probablement un des facteurs majeur de risque opérationnel – probablement plus significatif que les algorithmes de trading à haute fréquence.

 Notes:
[2] Thomas Herndon, Michael Ash et Robert Pollin, “Does High Public Debt Consistently Stifle Economic Growth? A Critique of Reinhart and Rogoff”, University of Massachussets Amherst,http://www.peri.umass.edu/236/hash/31e2ff374b6377b2ddec04deaa6388b1/publication/566/
[3] On en voudra pour exemple ce billet de Paul Krugman datant de 2012 : « Debt And Growth, Yet Again »,The Conscience of a Liberal, 27/07/2012, http://krugman.blogs.nytimes.com/2010/07/27/debt-and-growth-yet-again/

Références :
- C.M. Reinhart, K.S. Rogoff, This Time is Different: Eight Centuries of Financial Folly, Princeton University Press, 11 septembre 2009.
- Thomas Herndon, Michael Ash et Robert Pollin, “Does High Public Debt Consistently Stifle Economic Growth? A Critique of Reinhart and Rogoff”, University of Massachussets Amherst, 15 avril 2013
- “The 90% question”, The Economist, chronique “Free Exchange”, édition du 20 avril 2013,
- «Reinhart and Rogoff Respond to Criticism », The Institute for New Economic Thinking, 17 avril 2013, http://ineteconomics.org/blog/inet/reinhart-and-rogoff-respond-criticism.