mercredi 10 avril 2013

Allemagne : Industrie 4.0




L'usine du futur du plan allemand "Industrie 4.0" s’esquisse au CeBIT

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DFKI Vistra - Réalité Virtuelle 

Allier production classique et Internet, c’est la vision du grand projet stratégique allemand "Industrie 4.0". Produits pilotes et conférences permettent de faire le point à l’occasion du salon CeBIT.
C’est ce que les Allemands appellent la quatrième révolution industrielle. Lancé début 2012, le plan gouvernemental "Industrie 4.0" vise à rendre les usines intelligentes grâce à Internet, permettant par exemple de faire communiquer les chaînes de production et les objets entre eux ou de simuler des process, des flux logistiques ou encore des crashs tests de véhicules.
Si les premières applications ne sont pas attendues avant 2015, un tour dans les allées du CeBIT, le salon des technologies de l’information et de la bureautique qui se déroule du 5 au 9 mars à Hanovre (Allemagne) permet toutefois de se faire une première idée de ce que sera cette usine du futur.
TRANSFORMER LE FLOT MATÉRIEL EN FLOT D’INFORMATION
Le centre de recherche allemand sur l’intelligence artificielle (DFKI) présente de nombreuses innovations, où le virtuel vient supporter le réel. C’est le cas du projet européen Vistra (Virtual Simulation and Training of Assembly and Services Processes in digital Factories). Dans ce cadre, les chercheurs en réalité augmentée du DFKI ont développé un logiciel qui permet à l’ouvrier de s’entraîner virtuellement sur l’enchaînement de gestes techniques, avant de passer sur une chaîne de montage complexe par exemple.
Pour Jens Dolenek, consultant en communication et capteurs chez Siemens, les technologies RFID ou d’identification optique seront ont au cœur du programme Industrie 4.0. Pour Siemens, qui présente différentes puces et lecteurs, le flot matériel sera transformé en flot d’information, rendant le processus de décision beaucoup plus rapide et flexible.
LE PRODUIT COMMUNIQUE AVEC LES MACHINES QUI LE FABRIQUENT
Preuve en est avec l’usine miniature du DFKI : Un produit en cours de fabrication, en l’occurrence un badge en plastique, est équipé d’une puce RFID qui envoie directement des informations aux quatre machines de la chaîne de production qui le fabrique. C’est l’objet lui-même qui leur indique en quelle couleur le peindre, que graver dessus et en quelle langue écrire les instructions.
Une démonstration qui a fait sensation.
En Allemagne, Gwénaëlle Deboutte
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Mon commentaire en forme de supplément


Aujourd'hui, il faut envisager le passage de la notion de "système d'information" à la notion de "synchronisation des données". Cette exigence de synchronisation nait du fait qu'il y a la nécessité d'une formalisation fine des opérations de transformation productive. Dans le concept de "système", on considère que la production est une "boite noire", et la retro-action s'exerce à partir d'un indicateur.

Or le fait que le produit via une puce RFID commande aux machines oblige un travail de préparation en amont éliminant toute ambiguité. Je propose le terme de "synchronisation". C'est en sens me semble-t-il que l'on va vers un néo-taylorisme d'une combinaison "données/opération".

Dans texte qui vient, j'y esquisse le nouveau contenu de la DSI (Direction du Système d'Information / Informatique) en DRN (Direction des Ressources Numériques). 

Ou faut-il préférer  DS (Direction des Synchronisations) ?

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Ma formation est l'électronique et ma spécialité était la régulation de système. C'est vrai que cela me demande un effort pour sortir du paradigme du "système" et passer au "numérique". Voici l'état actuel de ma réflexion.

Ce que j'entends personnellement dans le terme "numérique" est une qualité attribuée aux personnes physiques ou morales, aux documents, aux images, aux machines, aux objets, aux matières, etc.., - des substances - permettant de leur attribuer des codes et des informations, codes et informations qui peuvent être transmis dans des réseaux télécoms, stockés dans des bases, affichés sur des écrans, manipulés dans des opérations de tri ou de calcul. Ensuite, c'est considérer que les opérations faites sur ces codes et informations sont légitimes et décident des caractéristiques de ces substances. Par exemple, un client habitant Angoulême souhaite dans un document "Commande" une couleur de carrosserie "bleu prune CO35" pour une voiture ZD3, qui sera livré le 28 février 2013. Précédant le processus, sera produit un schéma de synchronisation des opérations tenant compte de quantité nécessaire de la couleur CO35 et de sa fourniture à la seconde pile à l'automate de peinture.

Dans cet exemple, on voit que l'expérience client "une voiture ZD3 de couleur bleu prune livrée au plus tard le 28 février à Angoulême" possède un équivalent symbolique synthétique construit avec une série de formalismes : le schéma de synchronisation des opérations. Ce schéma de synchronisation - dans un contexte de réseau de partenaires - est une ressource coûteuse. L'atteinte de l'inter-opérabilité sous-jacente des différents systèmes à combiner nécessitait et nécessite encore de plusieurs mois à plusieurs années. Cette inter-opérabilité suppose 1/ que la qualité "numérique" existe pour toutes les substances impliquées 2/ que  toutes les qualités numérique s'articulent les uns aux autres à 100% de cohérence.

Par exemple, EADS a perdu un an de retour sur le programme Airbus 380 parce que les codes des logiciels de câblage allemand et français n'étaient pas cohérents entre eux. Il manquait 50 cm de cable entre les connecteurs des parties de carlingue allemande et française ! Autre exemple, depuis 2 ans, l'URSSAF et le RSI n'arrivent pas à se coordonner sur la distinction entre l'adresse personnelle et l'adresse professionnelle d'un affilié !

Ce qui me semble être le coeur de la révolution technique actuelle est, une fois l'interopérabilité acquise, le faible coût de production et d'application des schémas de synchronisation correspondant aux expériences client. De plus, une fois qu'un schéma de synchronisation est implanté dans des machines, dans des chaînes de machines, dans des portes "chaîne/ réseau télécom", les coopérations humaines sont moins coûteuses à entretenir, car les implantations ont un caractère d'évidence difficile à contester ou à défaire.

Quelles conséquences pour la DSI, la "Direction du Système d'Information" ? Cette formule suggère que dans les différents systèmes de l'entreprise, un des systèmes porte sur l'information. Donc, la compétence du DSI serait d'apporter de la "systématicité" dans l'information, ou sous un autre angle, transformer des données éparses en information significative, grâce à leur traitement dans un système.

En fait, ce sont les métiers qui sont capables de transformer les données en information. C'est pourquoi, le plus souvent, les DSI ont été réduits à l'achat, la maintenance et gestion des systèmes informatiques et télécoms. Comme souvent en France, la réalité est dissimulée par le fantasme, ici le "Système apportée à l'information". Concrètement, l'articulation entre les métiers et la DSI s'est faite par le biais de la distinction Maîtrise d'ouvrage / Maîtrise d'oeuvre dans le cadre de projets. 

La "qualité numérique" (la qualité de la "donnée"* ) pose effectivement la question d'un nouveau rôle : qui est capable de produire le schéma de synchronisation des opérations ? Qui peut conduire le dialogue entre deux ou plusieurs métiers afin de mettre en cohérence leurs données numériques respectives par rapport à ce schéma ? 

Les compétences et les légitimités sont triples :
- une reconnaissance par les différents métiers de l'entreprise
- une maîtrise des inter-opérabilités entre techniques différentes
- une capacité à articuler les qualités numériques des différentes substances en cohérence avec le schéma de synchronisation 

Et tout ceci, non pas pour un projet, mais dans le long terme de l'entreprise ou de l'organisation. Quelles personnes ont un tel profil ?

A titre de suggestion je propose de traduire  "chief digital officer" par "directeur des ressources numériques" 

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