TRIBUNE | 20 décembre 2011 sur http://next.liberation.fr/
Maison de disques et producteurs : bientôt la fin
A l’heure où le téléchargement illégal continue de faire des ravages dans une industrie déjà très fragile, à l’heure où chaque personne munie d’une connexion internet haut débit vole sans impunité le travail de centaines d’artistes, rappelons qui sont les vraies victimes de ce pillage.
Aujourd’hui, il est de bon ton de penser que le téléchargement illégal de musique n’est pas vraiment un problème, que, de toute façon, l’industrie l’a bien cherché et que le temps où les méchants producteurs et patrons de maison de disques exploitaient les pauvres petits artistes est révolu. Mais parmi toutes les personnes raisonnant ainsi, je suis bien curieux de savoir combien savent réellement à qui ils font du tort. Pire, je me demande combien parmi eux savent quel est le vrai travail des producteurs de musique.
Rappelons donc à quoi servent un producteur et la structure qui l’accompagne.
Le producteur, appelons-le Phil dans notre cas, est avant tout un passionné de musique, de toutes les musiques. Phil est aussi lui-même musicien. Quotidiennement, il cherche, écoute, analyse celle ou celui qui sera le prochain Elvis, Biggie ou la prochaine Céline… Une fois trouvé, Phil devient l’ami, le grand frère, le mari, le mentor de l’artiste en question. Il le critique, l’engueule, le pousse à bout mais, avant tout, il l’aime et l’admire. Cela pourra vous paraître un peu exagéré, un peu romancé, mais détrompez-vous, la relation producteur-artiste peut-être des plus cinématographiques.
Phil peut découvrir son nouvel artiste de plusieurs façons. Soit il le trouve lui-même, en écoutant par exemple une démo prometteuse, soit la maison de disques fait appel à lui pour produire la nouvelle signature. Dans les deux cas, Phil deviendra le troisième Everly Brothers, le sixième Rolling Stones, le cinquième Beatles…
En effet, sans George Martin pas de Beatles, sans Quincy Jones pas de Michael Jackson, sans Ahmet Ertegun pas de Ray Charles… Sans leur producteur fétiche, ces artistes (et bien d’autres) n’auraient pas eu la même carrière, voire pas de carrière du tout. Un projet musical est une association de personnes, c’est une équipe qui travaille dans le même but : cartonner.
Chacun a son rôle : le musicien s’occupe de la création artistique et/ou de l’interprétation de cette dernière. L’ingénieur du son (autre grande victime du téléchargement illégal) veille à la qualité technique du rendu sonore. Et finalement le producteur doit faire en sorte qu’un maximum de gens comprenne et aime les chansons, il conseille sur les structures des morceaux, les paroles, les instruments utilisés pour que les amateurs du style en question écoutent et apprécient le projet.
Revenons à Phil, notre ami producteur. Après avoir passé plusieurs mois enfermé en studio avec un artiste capricieux et un ingénieur du son autiste à moitié fou, Phil repart à la recherche de son prochain poulain. Il observera d’un œil déjà lointain le succès de l’ancien débutant qui grattait sa guitare seul dans sa chambre, maintenant propulsé au rang d’artiste accompli et respecté.
Voilà le problème : malgré les mauvaises ventes de son album, l’artiste pourra vivre de son art. En se produisant sur scène principalement. Phil en revanche, à qui on doit autant qu’à l’artiste, ne touchera quasiment rien et ne pourra donc pas vivre de son métier. A terme, il n’y aura plus de producteur, plus de structure, plus personne pour sortir le musicien de son anonymat. Peut-être ce dernier aura-t-il des albums autoproduits, mais le travail individuel pourra-t-il être aussi bon qu’un travail d’équipe ? Bien sûr que non. Zinédine Zidane sans son équipe, c’est juste un mec qui court seul sur un terrain avec un ballon au pied…Pour finir, je dirais qu’évidemment, chaque parcours est différent et que chaque grande vérité vit avec ses exceptions. Mais les faits sont là : si plus personne ne paye pour écouter de la musique, il n’y aura plus de bonne musique à écouter. Si vous pensez qu’un artiste peut aussi bien faire sans Phil, faites donc. Mais intéressez-vous à la vie de vos chanteurs préférés et vous verrez qu’ils ne sont jamais seuls.
Aujourd’hui, il est de bon ton de penser que le téléchargement illégal de musique n’est pas vraiment un problème, que, de toute façon, l’industrie l’a bien cherché et que le temps où les méchants producteurs et patrons de maison de disques exploitaient les pauvres petits artistes est révolu. Mais parmi toutes les personnes raisonnant ainsi, je suis bien curieux de savoir combien savent réellement à qui ils font du tort. Pire, je me demande combien parmi eux savent quel est le vrai travail des producteurs de musique.
Rappelons donc à quoi servent un producteur et la structure qui l’accompagne.
Le producteur, appelons-le Phil dans notre cas, est avant tout un passionné de musique, de toutes les musiques. Phil est aussi lui-même musicien. Quotidiennement, il cherche, écoute, analyse celle ou celui qui sera le prochain Elvis, Biggie ou la prochaine Céline… Une fois trouvé, Phil devient l’ami, le grand frère, le mari, le mentor de l’artiste en question. Il le critique, l’engueule, le pousse à bout mais, avant tout, il l’aime et l’admire. Cela pourra vous paraître un peu exagéré, un peu romancé, mais détrompez-vous, la relation producteur-artiste peut-être des plus cinématographiques.
Phil peut découvrir son nouvel artiste de plusieurs façons. Soit il le trouve lui-même, en écoutant par exemple une démo prometteuse, soit la maison de disques fait appel à lui pour produire la nouvelle signature. Dans les deux cas, Phil deviendra le troisième Everly Brothers, le sixième Rolling Stones, le cinquième Beatles…
En effet, sans George Martin pas de Beatles, sans Quincy Jones pas de Michael Jackson, sans Ahmet Ertegun pas de Ray Charles… Sans leur producteur fétiche, ces artistes (et bien d’autres) n’auraient pas eu la même carrière, voire pas de carrière du tout. Un projet musical est une association de personnes, c’est une équipe qui travaille dans le même but : cartonner.
Chacun a son rôle : le musicien s’occupe de la création artistique et/ou de l’interprétation de cette dernière. L’ingénieur du son (autre grande victime du téléchargement illégal) veille à la qualité technique du rendu sonore. Et finalement le producteur doit faire en sorte qu’un maximum de gens comprenne et aime les chansons, il conseille sur les structures des morceaux, les paroles, les instruments utilisés pour que les amateurs du style en question écoutent et apprécient le projet.
Revenons à Phil, notre ami producteur. Après avoir passé plusieurs mois enfermé en studio avec un artiste capricieux et un ingénieur du son autiste à moitié fou, Phil repart à la recherche de son prochain poulain. Il observera d’un œil déjà lointain le succès de l’ancien débutant qui grattait sa guitare seul dans sa chambre, maintenant propulsé au rang d’artiste accompli et respecté.
Voilà le problème : malgré les mauvaises ventes de son album, l’artiste pourra vivre de son art. En se produisant sur scène principalement. Phil en revanche, à qui on doit autant qu’à l’artiste, ne touchera quasiment rien et ne pourra donc pas vivre de son métier. A terme, il n’y aura plus de producteur, plus de structure, plus personne pour sortir le musicien de son anonymat. Peut-être ce dernier aura-t-il des albums autoproduits, mais le travail individuel pourra-t-il être aussi bon qu’un travail d’équipe ? Bien sûr que non. Zinédine Zidane sans son équipe, c’est juste un mec qui court seul sur un terrain avec un ballon au pied…
Pour finir, je dirais qu’évidemment, chaque parcours est différent et que chaque grande vérité vit avec ses exceptions. Mais les faits sont là : si plus personne ne paye pour écouter de la musique, il n’y aura plus de bonne musique à écouter. Si vous pensez qu’un artiste peut aussi bien faire sans Phil, faites donc. Mais intéressez-vous à la vie de vos chanteurs préférés et vous verrez qu’ils ne sont jamais seuls.
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