mercredi 30 novembre 2011

Essai : Pour une économie des Identités numériques



L'économie du web est méconnue

Le web détruit-il la valeur économique créée ces trente dernières années, entrainant entreprises dans la faillite et les salariés dans le chomage ? Cf. l'article de la Tribune reproduit dans un autre post de ce blog.

Notre thèse est que le web n'est pas directement responsable des faillites. C'est plutôt un certain usage du web qu'il faut critiquer.

Actuellement toutes les discussions amenées par les politiques portent sur l'identité numérique, le droit de propriété numérique. Le web serait un canal de distribution supplémentaire, à l'intérieur duquel il est possible de faire faire du marketing viral par des internautes réunis en petits cercles communautaires au sein de vastes réseau sociaux (Facebook…). Dans ce canal de distribution, il s'agit de faire respecter les droits de propriété et d'identité numérique. La messe est dite. Il ne reste plus qu'à sanctionner les "petits malins".

Mais jamais il n'est question, dans les débats politiques, des effets du web sur le processus productif et les échanges économiques. Par exemple, les industries du luxe, de la pharmacie, de l'aéronautique, de l'automobile ont développé des "places de marché virtuelles". On constate que les petites entreprises qui ne sont pas allées sur le web ont "raté le tournant" car elles n'ont pas compris les nouvelles méthodes de réduction des coûts et de génération des gains.

Nous allons donc esquisser ici une modélisation de l'économie du Web, en reformulant la définition de la notion d'identité numérique.


Les notions usuelles d'identité numérique

Le paragraphe suivant reprend un post de Diane dans le blog Recrutement 2.0

E-réputation, personal branding ou encore identité numérique.. Ces concepts concernent le "moi personnel" et le "moi professionnel". La présentation va du plus général au plus précis : identité numérique, e-reputation puis personal branding.

IDENTITÉ NUMÉRIQUE

Identité ≠ authentification.

L’authentification est la preuve que je suis moi, que personne ne se fait passer pour moi et qu’on peut me différencier de mon homonyme. L’identité peut être résumée comme ma « présence » sur internet, par tout moyen.

"Je" construis mon identité numérique par ce que je dis ou fais sur un blog perso, sur les réseaux sociaux, sur les forums, par les photos où j’apparais, les vidéos publiées ou encore les articles commentés.

On peut ainsi choisir l’image qu’on veut donner sur le web, comme lorsqu’on réalise un CV spécialisé dans une fonction en mettant de côté les emplois qui ne méritent pas d’être mentionnés.


Visuel réalisé par Philippe Buschini *


E-RÉPUTATION

Contrairement à l’identité numérique, l’e-reputation se fait indépendamment de moi-même, créée par ce que les autres pensent ou disent de moi, du fait des interactions que j’ai avec eux. Un bon exemple concerne les sites de services entre particuliers comme Ebay, Covoiturage.fr, Coachsurfing, etc.

L’e-reputation peut ainsi être bonne ou mauvaise. En tant que composante de l’identité numérique, je peux agir dessus afin de la modifier, pour me donner une meilleure réputation ou une bonne si elle est mauvaise. D'autres aussi peuvent agir sur ma e-reputation en y associant des contenus valorisant ou dévalorisant.


PERSONAL BRANDING

Comment modifier son identité numérique et son e-reputation ? En faisant du personal branding.

Le personal branding est le fait de créer ma propre marque , c’est à dire de gérer mon image de manière stratégique. Par exemple, si je m’intéresse au secteur de l’agro-alimentaire, je vais faire en sorte d’associer mon image sur le web à ce secteur par les contenus que je publie.

LES CONSEILS DE DIANE

Avez-vous déjà tapé votre nom dans Google et Google Images pour voir ce qui apparaît ? Et sur 123People ?Votre profil Facebook est-il privé ? Avez-vous géré les paramètres de confidentialité ?Sur des forums, utilisez-vous un pseudo de façon anonyme (sans dire votre nom) ?Sur Twitter, faites-vous attention à ne pas parler de choses trop personnelles, ne pas être vulgaire ou agressif, ne pas publier de contenu NSFW** ou à l’humour contestable ?Avez-vous un CV en ligne afin que les gens tombent dessus quand ils tapent votre nom dans les moteurs de recherches ?

Plusieurs non ? Alors faites ces différentes vérifications et si l’image qui apparaît de vous ne vous convient pas, effacez les traces « indésirables » et travaillez sur les contenus que vous publiez afin de changer tout ça !

A lire :

Bien gérer sa réputation sur Internet de Anthony Babkine, Mounira Hamdi et Nabila Moumen.

Comment exploiter à son avantage les différents outils web afin de se créer une identité numérique positive. Les astuces et témoignages pour vous aider à maîtriser votre présence sur la toile.

* lire l’article de Philippe Buschini sur l’identité numérique : http://www.buschini.com/


Pourquoi critiquer l'identité numérique centrée sur l'individu ?

Actuellement, l'identité numérique est ici considérée comme l'affaire de l'individu, comme construction du Je. Cette orientation nous fait passer à coté de l'essentiel du Web : la valeur créée par un "club" rassemblant plusieurs centaines ou milliers d'individus. L'identité dont nous traiterons maintenant est "l'identité de club".

Nous allons maintenant introduire une approche différente de l'identité numérique.


L'effet de norme ou de club

Web et Etat semblent synonymes. Tous deux sont des Biens communs à l'ensemble des acteurs qu'ils rassemblent.

Cependant leurs relations à la valeur économique sont différentes. En quoi consiste cette différence ? L'Etat s'appuie sur les échanges économiques de la société civile pour prélever sous forme d'impôts une partie de la valeur créée. Ensuite, il redistribue cette valeur par augmentation du Bien commun : sécurité, santé, éducation, réseaux de transport, réseaux de télécommunication, monnaie mise en circulation ..

Il n'y a pas, en première approche, de création de valeur par l'Etat, car il utilise une fraction de la valeur créée par la société civile selon des moyens d'actions qui visent à améliorer le Bien commun de tous.

Par contre, le Web ajoute à la valeur économique une valeur de Bien commun. Cela se présente une destruction de valeur économique par l'inutilité de services existants de traitement et transport d'information, ou par des coûts beaucoup plus faibles. Par exemple, la téléphonie sur IP est quasi gratuite par rapport aux coûts élevés de la téléphonie commutée classique

Comment expliquer que l'informatique apporte de la valeur gratuitement alors qu'auparavant cette valeur faisait l'objet d'une transaction économique. D'abord, l'informatique induit une norme commune, un "standard partagé" par un ensemble d'usagers. Par exemple, en m'équipant d'un logiciel de messagerie, j'ai accès à des correspondants sur le monde entier. Ensuite, les usagers vont privilégier "le standard partagé" qui leur donne l' accès au plus grand nombre d'usagers.

Avant, ces correspondants ne m'étaient accessible que moyennant des coûts de recherche de l'information et de télécommunications importants. Donc, pour le consommateur, l'impression immédiate est de passer du "payant au gratuit". Pour les entreprises de télécommunications, l'impression symétrique est de passer d'un chiffre d'affaire important (et de bénéfices conséquents) à un écroulement financier.

Analysons plus finement. Non seulement, l'accès aux fonctionnalités mail est gratuit mais une grande valeur m'est donnée du fait que j'ai accès à un réseau unifié par une norme qui est commune à tous.

Les économistes décrivent cette valeur sous le concept d'une "externalité positive" : l'effet de norme ou de club.

"L’effet de norme ou de club est l’exemple d’externalité positive réciproque : la valeur accordée par un consommateur à un produit ou à un service augmente lorsque le nombre de consommateurs de ce produit ou service s’accroît. Ainsi en est-il par exemple du téléphone ou de la télécopie: plus le réseau est étendu, plus nombreux sont les correspondants accessibles et donc plus le raccordement devient intéressant pour un nouvel abonné."
* Citation d'après le site de Dominique Henriet professeur à l'École Centrale Marseille

L'usager trouve plus de bien-être à deux niveaux :

- l'usage du réseau avec tous les correspondants possibles, ce qui l'incite à acquérir le matériel d'accès ou un service d'accès

- l'usage de nouvelles fonctionnalités suscitées par l'effet club, ce qui l'incite à déplacer la partie du budget libéré vers l'achat de services bâtis sur ces nouvelles fonctionnalités.


La différence entre l'Etat et le Web

L'Etat m'apporte de "la valeur Bien Commun" mais en contrepartie, je dois payer un impôt.




Le Web m'apporte de "la valeur Bien Commun" mais quand je dois payer, il m'apporte un supplément de Valeur intégrant la "valeur Bien commun initiale".

L'acte de paiement qui rémunère un fournisseur de produits ou de services donne au client la valeur d'usage classique d'un produit et en plus, une valeur "Bien commun Web" intégrée dans les services accompagnant le produit.

Ce qu'il faut remarquer est ce supplément de valeur passe par un ajustement à un besoin précis qui rétrécit la base du club. Par exemple, la nécessité d'échanger des vidéos par mail va segmenter la communauté des utilisateurs de mail.

Il y a là une logique en deux temps :

- quand l'Etat donne du Bien commun sous la forme d'une consommation passive, le Web donne du Bien commun à la condition d'une contribution active aux échanges (disponibilité, contenus..)

- quand l'Etat demande un impôt pour financé le Bien commun accordé, le Web demande une rémunération pour l'achat d'un produit à la condition qu'une valeur supplémentaire soit créée dans des nouveaux services.

Cependant, cette valeur supplémentaire n'est apporte que s'il y a une contribution supplémentaire de l'usager du Web. Cette contribution supplémentaire rétrécit le Bien partagé. La qualité du service n'est pas donné par le prix à payer mais par un effort supplémentaire de coopération avec un petit nombre d'internautes.

D'une certaine façon, l'impôt est une forme de coopération par délégation : je paye des fonctionnaires pour qu'ils me fabriquent des services. Je leur délègue la responsabilité des services fournis.

L'économie du Web amène la fin de cette délégation : je fabrique des services avec des pairs. Au sein de cette fabrication de services, il y a cependant l'échange économique classique.

A la séparation forte entre la société civile et l'Etat se substitue une intégration de l'Etat dans la société civile. La fin de la délégation des individus à leurs représentants doit s'accompagner de deux précautions :

- tous doivent avoir le même niveau de compétences dans les outils web

- les valeurs supplémentaires créés par les clubs centrés sur un service spécifique ne doivent pas détruire le Bien commun général.


L'innovation utilisant "l'effet de club de service spécifique"

La conclusion est qu'il faut innover sur la base de cet "effet club de service spécifique". Donnons un exemple : l'achat d'espace publicitaire. La connaissance d'un club d'utilisateurs potentiels permet de cibler finement sur quels sites il est judicieux de faire apparaitre la publicité. Ainsi un service "analyse statistique de préférences" peut être vendu à un annonceur, c'est à dire, in fine à un fournisseur.

Du coté du client : grâce à ce ciblage fin, il prend connaissance d'un produit que peut-être il aurait ignoré.

Du coté de l'entreprise : le ciblage fin permet d'estimer le nombre de clients possibles et d'optimiser le ratio "chiffre d'affaire possible / investissement". Si sur une année 1000 clients sont prêts à acheter 100 € un produit, alors il ne faut pas que l'investissement dépasse 1000 * 100 = 100 000 €.

Ce qui est nouveau est la pré-identification de ces 1000 clients, grâce à des données sur leurs comportements sur le Web.

S'il n'y a pas des innovations basées sur "l'effet club de service spécifique", comme les transactions économiques basées sur les anciennes valeurs disparaissent et que peu de nouvelles valeurs à acheter sont créées, alors les entreprises font faillite et les emplois sont détruits.

La démarche cruciale consiste à identifier la valeur de l'effet club par rapport à une transaction économique. C'est très différent d'apporter une valeur marginale de "+1" à un club comprenant 450 millions de membres, et d'apporter une valeur marginale de "+1" à un club de 1000 clients.

Par rapport à 450 millions de membres d'un club, un produit n'a aucune chance de trouver un acheteur et donc d'être vendu. Par rapport à 2000 clients potentiels très bien caractérisés, le produit augmente ses chances d'être vendu à 100% à 1000 clients.

Donc, un client sur 450 millions de membres d'un club n'a aucune valeur. A l'inverse, un client figurant dans une cible de 2000 clients potentiels prend de la valeur, si la statistique prédit qu'un client sur deux achètera.

Quels sont les impacts économiques de cette "valeur club" sur l'acheteur et sur le vendeur ?

L'acheteur considère que sa "valeur club" donne un niveau de prix maximum au produit. Par exemple, si un produit (un type d'engrais bio) est utile à 1000 clients (des viticulteurs bio), combien le club (la communauté virtuelle des viticulteurs) est prêt à mettre comme prix d'achat global (addition de l'ensemble des achats) ?

Au vendeur d'imaginer une méthode d'approvisionnement et de fabrication qui aboutira à un produit entrant dans la capacité globale d'achat du club-cible.

L'exemple du pôle verrier de la vallée de la Bresle

Présentation générale (extrait tiré de wikipedia)

En 2006, le pôle verrier de la vallée de la Bresle employait environ 7 300 personnes53, dont près de 6 000 dans la vallée proprement dite, et il réalisait un chiffre d’affaires de l’ordre de 940 millions d’euros, dont 75 % à l’exportation54. Il s’agit donc du premier pourvoyeur d’emplois du bassin représentant plus de 65 % des effectifs industriels (13 % des effectifs du secteur au niveau national).

Les six verriers de la région occupent une position de leader mondial sur le marché du flaconnage et fournissent près de 80 % des flacons de parfumde haut de gamme dans le monde47. La présence, sur le pôle, de grands groupes comme Saint-Gobain - Desjonquères (1 450 employés), Pochet – Le Courval (1 640 employés) et Saverglass (1 100 employés)55, qui employaient, toujours en 2006, à eux seuls près de 4 200 salariés, contribue largement à son dynamisme et à sa renommée47. Leurs unités de production sont respectivement installées à Mers-les-Bains, Hodeng-au-Bosc et Feuquières56.

Autour de la fabrication de verre creux (flacons de parfums), des activités connexes se sont développées telles que la fabrication des moules et des pièces de fonte (métallurgie), les activités de conception en amont, le parachèvement (finition et décor) en aval. Depuis 1999, l’État a reconnu le pôle verrier de la Vallée de la Bresle comme district industriel ou système productif localisé, c’est-à-dire un bassin d’emploi développé autour d’un même savoir-faire traditionnel57.

L’industrie du verre bénéficie du label « Vallée de la Bresle - Glass Valley », référence mondiale dans le domaine du flaconnage de luxe (tout particulièrement apprécié dans le domaine de la parfumerie et dans l’industrie pharmaceutique)57.

Depuis le milieu de l’année 2006, la décision de Saint-Gobain de céder son secteur flaconnage aux fonds de pension Sagard et Cognetas suscite l’inquiétude auprès des salariés qui craignent une suppression importante de postes, plus de 450 prévus à l’horizon 201158. Toutefois, les autres entreprises verrières n’offrent pas les mêmes perspectives ainsi que l’attestent de nouvelles embauches par l’usine Saverglass de Feuquières59 ou le dynamisme de Rexam Dispensing System au Tréport60.


La Bresle et sa pantoufle de verre

Article de Biseau Grégoire / Libération du I/1/2004. Blangy-sur-Bresle (Seine-Maritime), envoyé spécial.


Grâce à leur savoir-faire unique, les PME de cette vallée normande ne délocalisent pas.

C'est une vallée merveilleuse. En bordure de la Bresle, un cours d'eau qui fait office de frontière entre le département de la Somme et celui de la Seine-Maritime, poussent des emplois industriels comme des crocus. Sans rien, ou si peu. Ni arrosage massif de subventions publiques, ni perfusion technologique. A l'abri des vents d'une mondialisation sauvage, vit, ici, une industrie verrière, fière de son «made in France». En dix ans, la soixantaine d'entreprises de la vallée a créé un peu plus de 1 200 emplois (sur un bassin total de 7 000), dopé de 50 % la production de flacons de parfum, et a su se construire une réputation mondiale.

Protection

En jeans et pull déformé, Vincent Piochel, dirigeant avec ses deux soeurs de la PME créée par papa, n'a plus une brochure de présentation à offrir au visiteur. « On n'a pas besoin de faire de publicité, on a trop de travail », dit-il sans rire. En croissance de 10 % à 20 % par an, l'entreprise familiale, spécialiste du procédé de laquage des flacons, se porte comme un charme. « Grâce à notre savoir-faire, on réussit même à faire monter nos prix. » Là, au bout de la chaîne qui transporte des flacons Givenchy venus se faire une couleur violacée, plusieurs cartons pour le Japon attendent de partir. Environ 75 % des flacons haut de gamme commercialisés dans le monde viennent de la vallée de la Bresle.

Y a-t-il, ici, un microclimat propice à l'industrie ? Pas franchement. Dans le Vimeu, à quelques kilomètres de là, l'industrie de la robinetterie et de la serrurerie est en piteux état, aspirée par le tourbillon des délocalisations. Mais dans la vallée de la Bresle, rien de tout cela. Les PME vivent abritées par une double enceinte. D'abord, les quatre grands verriers de la vallée (dont l'usine historique de Saint-Gobain-Desjoncquères au Tréport) ne partiront pas, demain, par le premier train pour la Pologne. Trop lourds en capitaux. « Ce ne sont pas des usines tournevis qui peuvent s'envoler du jour au lendemain », explique Jean-Marie Rouillier, le délégué général du district verrier. L'autre rempart est tout aussi costaud : travaillant presque exclusivement pour les grands parfumeurs français, les métiers du flaconnage se sentent protégés par le « Made in France ».

Coopération

A l'origine de la création du district verrier de la vallée de la Bresle, Jean-Marie Rouillier a réussi à faire le lien entre toutes ces petites PME familiales. « Au début, les grands verriers n'ont pas aimé du tout cette coopération », explique-t-il. Depuis, la profession a pris l'habitude de dîner Aux pieds dans le plat, ou à l'hôtel de la Poste, les deux restos du coin. « On parle du marché, et, quand l'un d'entre nous a besoin d'un coup de main, on se donne des contacts », dit Vincent Piochel.

Menaces

Combien de temps durera encore tout cela ? « Pour tous ceux qui n'ont pas un vrai savoir-faire industriel, il faudra s'inquiéter dans cinq ans », dit un industriel. Aujourd'hui, une petite industrie de main-d'oeuvre non qualifiée peut continuer à vivre sa vie, ici. Chez FSTB, sous un hangar éclairé à la lumière artificielle, dans un silence de mort, une cinquantaine de femmes, en blouse bleue, debout derrière leur table, scrutent les défauts de fabrication de milliers de flacons. Le geste dure quelques secondes, inlassablement, de 7 h 30 jusqu'à 16 heures. Créée avec 30 000 francs il y a dix ans, l'entreprise emploie aujourd'hui 120 personnes.

Même si elle se sent encore protégée, chaque PME parle des menaces chinoise, indienne et polonaise. « Quand on veut exporter chez les Américains, ils nous mettent sous le nez les prix taïwanais. Alors on réfléchit pour savoir comment nouer des alliances avec des partenaires en Europe de l'Est », explique Guy Desjoncquères, PDG du mouliste Metra Verre. Aujourd'hui, l'entreprise exporte 60 % de son chiffre d'affaires jusqu'en Colombie ou en Indonésie. Chez Euro Décor, PME spécialisée dans la décoration de flacons, on vient de recevoir une palette de dix mètres de haut d'un verrier indien. « Quand on a ouvert les cartons, on a vu qu'on avait encore au moins dix ans d'avance sur eux », dit Christophe Pierron, le patron.


Le portail normand de l'information économique




La Glass Vallée : le pôle mondial du flaconnage de luxe de la vallée de la Bresle. La filière verre est particulièrement bien représentée dans la Vallée de la Bresle, au nord de la Seine Maritime. Cette Vallée, qui compte parmi les premières régions verrières de France, produit 80% des flacons de parfum dans le monde. A côté des verriers se sont développés, en amont, un secteur mouliste très dynamique et, en aval, de nombreuses entreprises spécialisées dans le parachèvement des flacons, en liaison avec la filière parfumerie/cosmétique très importante dans le pourtour ouest de la région parisienne. Des liens ont été établis avec les marchés des spiritueux et de la pharmacie. L’association des entreprises, reconnue sous le label Glass Vallée, s’est organisée dans le but de promouvoir les échanges entre les entreprises, de structurer la filière et d’assurer sa promotion.



Le portail français du verre a été réalisé par l’Institut du Verre avec le concours du Ministère des Finances et de l’Industrie ainsi que celui des principaux experts des différentes branches verrières françaises.

Une situation économique difficile : un plan d’actions pour la Glass Vallée, pour 2009, 2010, 2011.

En mai 2008, le marché du flaconnage de luxe est entré dans une phase récessive et la crise économique n’a fait qu’accentuer les difficultés des entreprises.

Le taux de chômage dans la Vallée de la Bresle a atteint 11,4 % au 2nd trimestre 2009 contre 7,6 % en 2008. Certaines entreprises ont connu des baisses de chiffres d’affaires de plus de 50 %. La filière est également confrontée à la montée en capacité et en qualité d’une concurrence étrangère (Allemagne, Belgique, Europe de l’Est, Chine). Dans ce contexte, c’est toute la filière qui se trouve menacée dans sa structure et son existence.

Une action volontariste de l’Etat

Lors de sa visite à Blangy-sur-Bresle, le 15 juin 2009, le préfet de région, a proposé un plan d’actions pour soutenir la Glass Vallée en mobilisant de manière massive les moyens de l’Etat. Ce plan s’organise en trois axes :

1/ Un soutien renforcé au financement des entreprises. Il s’agit de mobiliser les outils mis en place par le plan national de soutien à l’économie, tant pour faire face aux difficultés immédiates de trésorerie, que pour financer les projets d’investissements, qui restent plus que jamais nécessaires. La lisibilité du dispositif est facilitée par la désignation d’un référent unique dédié au secteur verrier et attaché à la trésorerie générale,

2/ Un appui à la formation et à l’adaptation des compétences. L’animation du projet est confiée à une chargée de mission de l’UIMM (financement : 75 000 €/an jusqu’en 2013 dans le cadre du contrat de plan Etat-région). Il vise une montée en compétence des entreprises sous-traitantes, avec l’objectif de les rendre moins dépendantes d’un seul client ou d’un seul produit. Il repose sur un programme de formation et d’aides à l’innovation qui mobilise plusieurs fonds publics. (financement : 200 000 € pour 2009 et 2010)

3/ Consolider la filière verre par la recherche et la lutte contre la contrefaçon. Ce programme de recherche et de transfert de technologie associe les entreprises de la Vallée et l’université de technologie de Compiègne autour de la notion de produits « inimitables ». Il mobilise 1M€ de crédits publics sur 3 ans avec pour objectif final de fédérer la filière, de renforcer sa compétence distinctive et de lui ouvrir de nouveaux marchés.

Des Assises du Verre consacrées à l’avenir de ce secteur clef de l’économie de la région se sont tenues le18 décembre 2009 au Tréport, en présence de Rémi CARON, préfet de région, rassemblant élus, entreprises, syndicats, partenaires économiques et services de l’Etat . Nous ne disposons pas d'information sur la présence ou non des parfumeurs ..

Précision sur la nature d'une identité distincte : "Magie du parfum"

Dans le paragraphe précédent la marque Glass Vallée est rattachée au portail Verre On line

Notons qu'en 2004, une étude de l'INSEE Caen sur Parfums et cosmétiques ne mentionne à aucun moment l'industrie du Flaconnage de luxe et ne le fait pas figurer dans ses statistiques des industries du Parfum.. Est-ce parce que le verre est du contenant et le parfum du contenu ?

Nous touchons à la problématique du processus d'une identité.

Dans la culture 'industrielle, le travail du verre est différent du travail de l'alcool ou de l'huile de plante.

Dans la culture d'usage, pour la femme ou l'homme utilisant un parfum ou un cosmétique, le flaconnage, le "packaging" est indissociable du produit. Plus, le flacon est la métaphore de la peau de l'usager, puisque le parfum deviendra la partie enchantée de son corps. Le parfum opère un effet magique : "Magie du parfum". La transformation du flacon en objet enchanté est le premier effet de cette magie.

L'identité distincte "magie du parfum" qui accompagne l'effet de club doit se construire à partir du service attendu par l'usager. Encore plus : des effets utiles à l'usager. Citons ce que dit Michel Volle du produit aujourd'hui

"Le mot « production » doit retrouver dans l'économie contemporaine son sens économique fondamental : ce qu'une économie produit, c'est la satisfaction des besoins des consommateurs, leur bien-être matériel.

Ce qui importe n'est donc pas de produire des choses mais de faire en sorte que le produit, une fois placé dans les mains du consommateur, lui procure satisfaction et bien-être. Comme le dit Philippe Moati, la mission du système productif est de produire des « effets utiles ».

Aujourd'hui, lorsque l'on va sur le portail Glass Vallée, il y a un lien vers le portail Cosmétiques et Parfums de pôle Cosmetic Valley.

A l'inverse le portail Cosmetic Valley ne propose aucun lien direct vers Glass Vallée. Il n'y a qu'un lien indirect via le portail Franceclusters qui répertorie tous les clusters français.

Sur ce portail France Clusters, à la page Glass Vallée, on trouve la liste des actions communes des entreprises verrières.

> Actions communes entre entreprises de la Glass Vallée
Contrats de recherche avec des universités ou des structures privées Quatre entreprises du pôle verrier ont développé des projets de R&D avec le CRITT de Charleville-Mézières pour une étude sur le plasma froid, ainsi qu’avec un laboratoire privé (Lifco) pour maîtriser une nouvelle technologie non polluante de dépolissage de flacons, également pour acquérir une nouvelle technique de laquage non polluante et développer l’usage des poudres dans le décor.
Alliances entre entreprises pour la R&D (commande à plusieurs d´études techniques) Plusieurs groupements informels se sont constitués avec des paracheveurs et un verrier pour contractualiser avec l’université de Rouen (laboratoire de l’Institut des matériaux) ainsi qu’un bureau privé (Cerdis environnement) pour travailler sur l’amélioration des techniques de dépolissage des flacons.
Autres projets collectifs :
- Participation à des foires et salons (salon de l’emballage,…)
- Groupe interentreprises à l´export
- Echanges transnationaux avec d´autres pôles verriers
- Actions de diversification des activités
- mutualisation de certains achats ou prestations
- mutualisation des approvisionnements par un groupement de 4 moulistes
Le développement des relations avec la filière française Parfum et Cosmétique semble être absent tout comme les relations avec d'autres parfumeurs dans le monde.

Sur cet exemple précis, nous constatons que l' identité "Magie du parfum" est éclatée en deux fragments d'identité : le produit (alcool ou huile) et le flaconnage. Il y a bien présence sur le web, mais comme cette présence n'est pas fédérée une coopération entre les deux filières, les synergies web possibles ne fonctionnent pas.

Cela explique-t-il les difficultés de la filière française flaconnage ?


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire